Courageux, Emmanuel Macron ? Une chose est de rendre hommage à la vaillance des soldats qui donnent leur vie pour la France. Une autre est de laisser croire que cette témérité imprégnerait aussi sa présidence. Lundi, aux Invalides, le chef de l’État s’est impeccablement glissé dans son rôle de chef de la nation, martial et inspiré. Il a fait l’éloge que méritaient, en ces temps de doute sur l’avenir de la patrie, les treize militaires tués accidentellement au Mali lors d’une attaque contre l’ennemi islamiste. La France est remarquable quand elle résiste, seule, à la pression djihadiste au Sahel. « Mon adversaire, c’est l’islamisme ! » va même jusqu’à déclarer désormais Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, renchérit dans le JDD, sur le dossier des retraites cette fois, en rappelant l’esprit du gouvernement : « Être courageux, très courageux (…) ». Néanmoins, cette auto-valorisation dissimule mal les faiblesses d’un pouvoir pusillanime. « Ils ne passeront pas ! », préviennent en substance les macroniens, mobilisés pour l’affrontement sur la réforme des retraites. Cependant, les grévistes du 5 décembre ont bien noté les reculs du président « inflexible ». Les 15 milliards d’euros décrochés par les Gilets jaunes, sous la pression de la violence, ont montré la vulnérabilité de Macron. Par la suite, les policiers en colère se sont vu accorder une prime de 40 euros par mois et 10 milliards d’euros de dette des hôpitaux ont été repris par l’État pour calmer les personnels hospitaliers. Les avocats ont à peine protesté qu’ils ont gardé la maîtrise de leurs retraites. Depuis que l’État s’est libéré des contraintes européennes limitant l’endettement et que les taux d’intérêt dérisoires poussent à l’emprunt, l’argent public est prêt à être déversé pour éteindre le feu social. C’est ce qu’ont compris les enseignants, les pompiers et les oubliés du moment. Alors, courageux, Macron ? Ses évitements parlent pour lui. Trop de discours fleuve, de mots gonflés, de forfanteries puériles annonçant des « big bangs » à chaque réforme ont dévalorisé la parole présidentielle. (La suite ici) Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros, sur CNews (9h-10h30)
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