La démocratie se rétablira-t-elle des mauvais coups portés par le Covid-19 ? Lundi, l’ONU a appelé les pays, par la voix de la commissaire Michelle Bachelet, « à ne pas se servir des pouvoirs d’urgence comme d’une arme », et à « respecter » l’état de droit. De ce point de vue, le choix du Hongrois Viktor Orban, fin mars, de se faire donner les pleins pouvoirs, sans limite d’état d’urgence, est venu conforter les accusations sur sa pratique confiscatoire du pouvoir. La France, qui a fixé la fin de l’état d’exception au 11 mai, n’a certes pas été si loin dans l’autoritarisme sanitaire. Toutefois, le gouvernement fait preuve, par son implacable confinement de la population, d’une efficacité qui serait plus utile pour fournir des masques et des tests pour tous. L’attaque d’Edouard Philippe, mardi devant l’Assemblée nationale, contre les commentateurs « du Café du Commerce » est venue rappeler la réticence de la macronie à supporter la critique. Le nouveau Parti de l’ordre sanitaire, qui a imposé en 24 heures ses interdits à une France terrorisée, restera une menace pour l’avenir tant que ne sera pas contestée sa vision d’une société infantilisée, déresponsabilisée. En cela, le projet StopCovid, qui se propose de « tracer » les porteurs positifs et leurs relations sur leurs smartphones ou grâce à des « brigades d’enquêteurs », porte en lui des violations de la liberté d’aller et venir, de la vie privée et du secret médical, en dépit des précautions techniques qui pourraient être garanties dans l’immédiat. Une démocratie ne peut accepter la banalisation d’une sorte de bracelet électronique qui signalerait le malade. La ville de Nice se flatte déjà de surveiller les gens en s’inspirant de la technique chinoise, c’est-à-dire à l’aide d’un drone pouvant s’adresser au repéré. Le pire est à craindre d’un peuple paniqué. « Il n’y a qu’une chose que les hommes préfèrent à la liberté, c’est l’esclavage » (Dostoïevski). La tentation est grande, pour un pouvoir affaibli et contesté, de s’affirmer en père fouettard face à des citoyens rendus craintifs et dociles. (La suite ici) En raison du 1er mai et de l’absence traditionnelle de journaux, ce bloc-notes est publié dans Le Figaro daté de samedi, et non vendredi comme d’habitude. Mon intervention, ce vendredi, sur RéacNRoll (avec un lapsus : quand je parle de ministère de la Santé, il faut entendre minstère de le Vérité (ou ministère de la bonne Santé mentale…)

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