L’UMP, premier parti de France ? Difficile à dire, ce lundi matin, à la lecture des résultats du premier tour des départementales. Voici les données : une union UMP-UDI-Modem arrive en tête avec 29,4% des suffrages, suivie par le FN avec 25,19%, puis par le PS et ses amis à 21,85%. Ce sont donc des alliances, y compris avec le Modem accusé de trahison par Nicolas Sarkozy, qui permettent au président de l’UMP de revendiquer la première place. Ce sont également des additions diverses qui permettent au PS de limiter sa dégringolade. Mais que représentent l’UMP et le PS, seuls, afin de les comparer avec le FN ? Il est, pour l’instant en tout cas, impossible de le savoir. II se pourrait bien que, sur cette introuvable photographie des partis, le FN passe en tête. Sans doute ne faut-il pas chercher plus loin la raison du peu d’empressement des autorités à révéler l’état réel de la représentation politique dans ce scrutin, qui a connu une abstention de 50%. Deux premières leçons sont néanmoins à tirer de ces chiffres officiels. La première est que le FN, s’il persiste à ne pouvoir nouer des coalitions opportunes, n’arrivera vraisemblablement jamais au pouvoir. La deuxième leçon tient à la fragilité des compromis passés, surtout dans l’opposition. L’UMP, présentée comme victorieuse, n’a pas réglé ses divergences internes entre les partisans d’une ouverture au centre et ceux qui poussent à sa droitisation. L’engagement in extremis de Sarkozy sur le refus du voile à l’université ou des menus de substitution à l’école a pu mobiliser un électorat en attende de telles fermetés. Cependant, cette posture n’est pas celle de l’UDI, ni du Modem, ni même d’une partie de l’UMP. L’unité de façade de la droite repose sur des non-dits. Le problème central demeure : ce nouveau tripartisme tripatouilleur est une construction qui ne correspond pas à la sociologie du pays. La réalité est plus simple : la France a majoritairement basculé à droite, et nombreux sont les électeurs qui ne se reconnaissent pas dans les distances alambiquées qu’entretiennent les dirigeants de l’UMP avec un FN qui a repris en fait, sur les sujets sociétaux en tout cas, les discours du RPR des années quatre-vingt-dix. L’insincérité qui s’observe depuis dimanche soir dans la manière de gonfler des scores par additions du tout venant est un effet de l’inadéquation de la représentation de la société civile par la politique. Il n’est pas exact de sous entendre que la France pourrait s’identifier à ce tripartisme fictif. En fait, une profonde recomposition reste à mener, afin d’accompagner le basculement conservateur de l’électorat. Il est faux de prétendre que l’UMP pourra longtemps faire cohabiter les Juppé-Bayrou-NKM et les partisans d’une plus grande droitisation. Maintenir un tel attelage tirant à hu et à dia serait pour la droite l’assurance de poursuivre dans son immobilisme, alors même qu’une autoroute s’ouvre à elle. Comme l’écrit Denis Bachelot dans la dernière livraison de la revue Commentaire : « La gauche attend son Schröder pour assumer une identité politique rénovée et la droite son Mitterrand pour franchir le Rubicon de l’impensable rapprochement (UMP-FN) ». Le problème est que la droite, à force d’attendre, risque de se couper davantage de citoyens qui s’impatientent. Je participerai, ce lundi, à un débat sur I 24 News (de 19h à 19h25) Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp, sur LCI (9h45-11h)
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