Dans l’affaire Fillon, le « plan B » s’appelle Marine Le Pen : voilà à quoi ont conduit les justiciers qui, depuis deux semaines, chargent le dossier contre le candidat de la droite, plébiscité par la primaire. S’il y a un scandale à ce stade c’est celui qui consiste à faire taire, à moins de trois mois de la présidentielle, un homme qui a su désigner le libéralisme comme allié et le totalitarisme islamique comme ennemi. La tentative de kidnapping du favori pour l’Elysée, devenu le symbole d’une classe politique déconnectée de la vie des gens, n’est pas plus respectable que les pratiques dénoncées, sans preuve pour l’instant, par les donneurs de leçons. Le spectacle donné par ceux qui, chez Les Républicains paniqués, pressent Fillon de céder la place, illustrent la pusillanimité qui habite les opportunistes et les carriéristes. Alain Juppé est resté, ce lundi, à la bonne hauteur quand il a une nouvelle fois rejeté les appels du pied pour remplacer Fillon : « Clairement et définitivement, c’est non ! ». Ni lui, ni Nicolas Sarkozy, ne seraient acceptés d’un électorat qui les a clairement éliminés, dans un jeu de massacre qui n’est pas terminé. Pour ces raisons, Fillon a raison de tenir bon. Lui qui refusait le « tribunal médiatique » donnera, ce lundi à 16 heures, une conférence de presse. Il est attendu de lui qu’il dise tout, de ses erreurs de jugement comme de ceux qui veulent l’abattre. Le hold-up électoral peut encore être déjoué, tant les méthodes de chasse à l’homme sont odieuses.
Les prochains retours de l’opinion éberluée diront si Fillon peut remonter sur son cheval sans trop de dégâts dans son camp. Cependant, les Saint-Just à carte de presse et le Parquet national financier aux ordres du pouvoir ont déjà réussi à dynamiser encore davantage la candidature de la présidente du FN. Dimanche, à Lyon, elle s’est posée en rassembleur de la droite perdue, en proposant un « gouvernement d’union nationale ». Il est vrai que ceux qui approuvent Fillon dans son analyse de la crise de civilisation qui frappe la France peuvent se retrouver dans la même dénonciation du « fondamentalisme islamiste » portée par Marine Le Pen. Reste qu’en mettant sur le même plan la « finance mondialisée » et le « djihadiste mondialisé », qu’elle assimile à « deux totalitarismes », la présidente du FN fait preuve d’un relativisme qui laisse voir une idéologie potentiellement tout aussi dangereuse. En se disant contre « l’individualisme » et contre le « communautarisme », elle oublie les vertus de « l’individualisme bien compris » (Alain Laurent). Cet individualisme-là est à la source de l’esprit autonome, critique, indépendant. Il est d’ailleurs la bête noire de la pensée unique. Relire Renan : « Bien loin de prêcher le communisme dans l’état actuel de l’esprit humain, il faudrait prêcher l’individualisme, l’originalité ». Le dogmatisme économique de Marine Le Pen laisse des portes fermées.
Je participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)Je participerai, mardi, à un débat sur LCI (11h-12h)

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