L’Union européenne, sourde aux protestations des peuples, peut craindre pour son proche avenir. Une même menace pèse sur les dirigeants qui, comme en France, ne veulent décidément rien entendre des électeurs qui s’inquiètent de la dilution progressive de leur identité dans une nation ouverte à tous. « Il est de plus en plus difficile aux vieux Français de se sentir heureux en France », m’avait écrit un lecteur en 2006 (1), dans une lettre résumant bien l’état d’esprit observé chez les Oubliés. Ce sentiment de dépossession, vécu comme une violence et une tragédie par beaucoup, a aussi gagné, depuis, de nombreux jeunes en quête d’enracinement. Or, pour avoir trop longtemps méprisé ces plaintes « populistes », l’UE et ses soutiens vont devoir affronter la prévisible insurrection des peuples. Theresa May, premier ministre britannique, vient d’en donner le signal en quittant mardi l’UE et le marché unique, dans le but prioritaire de rétrocéder à son pays la maîtrise de ses frontières et de l’immigration. Donald Trump, qui prendra ses fonctions présidentielles vendredi, porte une analyse lucide quand il déclare, lundi à propos des Européens et des Britanniques : « S’ils n’avaient pas été forcés de prendre tous ces réfugiés, avec tous les problèmes que cela amène, il n’y aurait pas eu de Brexit (…) Je crois que d’autres pays vont suivre ». Ce mercredi, un sondage Cevipof publié par Les Echos montre que 64% des Français estiment qu’il y a « trop d’immigrés en France ». 62% disent que « l’islam représente une menace pour la République ». A moins que les technocrates de Bruxelles n’infléchissent dans l’urgence leur politique migratoire, ils doivent s’attendre à des turbulences qu’ils n’auront pas volées.
L’UE s’est volontairement construite sur cette immigration de peuplement que refusent les citoyens et qui sera au centre de la présidentielle française. « La migration est une des (dix) priorités politiques de la Commission Juncker », peut-on lire sur le site de la Commission européenne, présidée par Jean-Claude Juncker. Elle définit ainsi sa « nouvelle politique migration légale » : « Faire en sorte que l’Europe reste une destination attrayante pour les migrants dans un contexte de déclin démographique ». Dimitris Avramopoulos, commissaire chargé de la migration, est plus explicite quand il déclare, en décembre 2014 lors de la Journée internationale des migrants : « Les migrations sont source de croissance économique et d’enrichissement culturel et social. La migration régulière est devenue une composante essentielle des sociétés et des marchés du travail dans l’Union européenne ». Pour sa part, le conseiller d’Etat français, Thierry Tuot, se réjouissait en 2013, dans un rapport remis au premier ministre sur « La refondation des politiques d’intégration » : « Nous ne maîtrisons pas – et, ajoutons-le, heureusement, car ce serait indigne ! – les flux migratoires pour les deux tiers d’entre eux ». C’est cette idéologie immigrationniste, à laquelle Angela Merkel a succombé en 2015 en laissant venir plus d’un million de « migrants », qui est contestée par ceux qui ne s’effraient plus des accusations en racisme ou en xénophobie lancées par les docteurs Folamour. Les « élites » qui feignent encore de ne rien comprendre de l’exaspération qui vient auront été prévenues.
Je participerai, jeudi, à Débat d’Expert, sur Sud-Radio (17h-18h)
(1) Cité dans mon essai, La guerre civile qui vient (Pierre-Guillaume de Roux)
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