Le Front national récoltera-t-il les fruits du débat sur l’identité nationale? Evidemment Marine Le Pen l’assure. Elle a eu beau jeu de rappeler, ce mercredi matin sur RTL, les propos d’Eric Besson, rapportés ici mercredi dernier, sur sa conception de la France vue comme « un conglomérat de peuples ». L’UMP s’efforce d’éteindre l’autre incendie allumé par le ministre de l’immigration, qui s’est dit aussi favorable, à terme, au droit de vote des étrangers aux élections locales. « Il n’en est pas question », a répondu Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, alors même que le PS ressort le vieil épouvantail dans l’espoir de consolider un vote protestataire qui pourrait faire trébucher la droite dans une dizaine de régions. Pour ma part, je pense que la majorité peut encore limiter la casse (bien que les dernières déclarations de Besson n’arrangent pas les choses) si elle s’en tient dans les prochaines semaines à un discours de vérité sur l’état du pays. La burqa, de ce point de vue, reste un bon test sur les capacités de résistance de la République face à cette provocation islamiste.
Si personne ne se prive de critiquer le Pape ou la bigoterie catholique, il y a en France une peur à juger l’islam et ses dérives intégristes. Or cette intimidation, qui est surtout celle du monde politique et médiatique, n’aide pas à aborder le problème des limites à apporter à une religion quand elle se trouve aussi instrumentalisée à des fins politiques, ce qui est le cas avec l’idéologie islamisme. C’est pourquoi j’ai aimé, ce matin sur Europe 1, les propos d’André Gerin, président de la mission d’information sur la burqa et député communiste. A propos de ce voile intégral, il a parlé de « marée noire » qui gagne des cités, théâtres « d’une dérive intégriste ». Selon lui, dans tel collège de Marseille, 50% des jeunes filles refusent le « sport-piscine », tandis que d’autres n’ont pas le droit d’avoir des contacts avec des non-musulmans. Des « syndicats communautaires » se sont installés dans des entreprises du CAC 40 et y émettent des jugements sur la manière dont les femmes doivent s’habiller ou rester entre elles.
« On ne peut laisser faire ça (…) La burqa, c’est l’iceberg visible du communautarisme », estime en substance Gerin, qui avait déjà été un des rares élus à soutenir, à l’époque, le professeur d’histoire Louis Chagnon, accusé d’avoir enseigné une vision critique de Mahomet. Je ne suis pas certain, pour le moins, que les réponses du PCF soient en adéquation avec ce diagnostic d’un des siens. Mais Gerin a le mérite de dire des choses vérifiables. Or, paradoxalement, ce langage reste encore bien peu pratiqué dans les rangs de la droite. Si celle-ci reste dans cette pusillanimité, n’osant pas appeler un chat un chat et un néofondamentaliste un danger pour la démocratie, le FN n’y trouvera en effet que des bénéfices. Mais ce qu’un député communiste ose dire tout haut devrait être à la portée, j’imagine, de la majorité parlementaire…
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