Le gouvernement et ses médias se surpassent dans l’application d’une désinformation de masse aussi subtile que l’antique propagande soviétique. Tout est bon pour disqualifier les opposants au mariage homosexuel, à commencer par la minoration systématique du nombre des manifestants. Dimanche, le ministère de l’Intérieur n’a comptabilisé que 45.000 personnes (270.000 selon  les organisateurs), tandis qu’il est soupçonné d’avoir manipulé les vues aériennes de la mobilisation du 24 mars. Ce lundi, sur Europe 1, Manuel Valls s’est félicité du fait que « la police a contenu les groupuscules », après avoir dénoncé la montée extrémiste et la libération de la parole homophobe. Des accusations déjà tenues, hier, par le JDD qui annonçait à sa une « Les réveil des groupuscules », et reprises par Libération de ce jour qui titre sur « L’homophobie ordinaire », sans pouvoir en pages intérieures apporter une fausse note. Mais peu importe : non contents de ne pas voir ce qui crève les yeux, le pouvoir et ses soutiens en sont à décrire ce qui n’existe pas. La version officielle est donc celle d’une manifestation de minoritaires vociférants, habités par la haine des homosexuels, rejoints par des vychissois et des nazis. Les plus zélés de la pensée canalisée en appellent à la censure sur Frigide Barjot, qui survit trop bien aux multiples insultes, tandis qu’Henri Guaino est traité de « factieux » par Valls pour oser réclamer un référendum. Faut-il le préciser ? C’est le gouvernement et ses fidèles qui révèlent, par ces procédés de désinformations et de manipulations, le visage de l’intolérance. Ce lundi, le président de l’Assemblé nationale, Claude Bartolone, s’est empressé de faire savoir qu’il avait reçu une lettre de menaces contenant de la poudre de munitions. Le moindre cinglé, le moindre mot de travers, la moindre bagarre dans un bar sont prétextes à des amalgames, des victimisations, des comparaisons odieuses avec le statut des juifs sous l’occupation, etc. Pour ma part, j’ai rarement vu foule plus paisible et bon enfant que celle d’hier. Il n’y avait ni groupuscules, ni excités, ni casseurs, ni provocateurs, ni homophobes. Je crois même, tout au contraire, ces Français très majoritairement acquis désormais à une union civile entre couple de même sexe  et à un statut de coparentalité. Derrière une banderole : « Tous gardiens de la filiation », j’ai pu observer plusieurs femmes voilées qui voisinaient avec un prêtre en habit. Ce mouvement de masse est à comparer aux quelques centaines de manifestants pro-mariage gay qui s’étaient retrouvés au même moment place de La Bastille. La force tranquille est dans cette France qui n’est pas encore habituée à descendre dans la rue. Elle va devoir trouver une autre dynamique. Mais une chose est sûre : elle n’abdiquera pas sous les intimidations pitoyables d’une propagande gouvernementale cachant mal un profond désarroi.

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