La « fermeté » est le terme que les médias emploient – y compris Le Figaro – pour rendre compte de la politique migratoire d’Emmanuel Macron. Il est vrai que, mardi à Calais, le chef de l’Etat a promis qu’il n’y aurait plus de « Jungle » à cet endroit. Il a dénoncé l’irresponsabilité de certaines associations d’aide aux migrants. Mais tout cela est la moindre des choses. Ce mercredi, dans Le Parisien, Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, se dit d’ailleurs « déçu par le manque d’annonces claires sur le règlement de la question migratoire à Calais ». En réalité il y a, comme toujours, beaucoup d’effets d’annonces et de postures dans la stratégie du chef de l’Etat. Il y a peu, il prônait l’accueil pour tous et vantait la politique d’ouverture d’Angela Merkel. La poignée d’intellectuels qui signent, dans Le Monde daté de ce jour, un article intitulé : « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez » n’ont pas tort quand ils pointent le double discours présidentiel. En fait, la « fermeté » de Macron se lira aux actes, c’est-à-dire en l’occurrence à la réalité des renvois des déboutés du droit d’asile politique. En attendant, l’autoritarisme dont fait preuve le chef de l’Etat sur des sujets annexes ressemble de plus en plus à une duperie. Le choix de renoncer à la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), qui pourrait être annoncé ce mercredi, confirmerait la pusillanimité qui habite le président « jupitérien ».
« Je fais ce que j’ai dit », aime à répéter Macron. En avril 2017, il assurait à propos de ce nouvel aéroport, dont le projet a été approuvé à 55,17% en juin 2016 par les habitants de la Loire-Atlantique : « Il y a eu un vote, mon souhait c’est de le respecter et donc de le faire ». La vraie fermeté serait, bien entendu, de mettre en œuvre ce projet qui a également passé tous les obstacles juridiques. Or ce qui se dessine – sauf surprise de dernière minute – est un renoncement du pouvoir à affronter la poignée de « zadistes » qui occupent les terres expropriées et s’opposent violemment à l’aéroport. Hier, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a précisé avant toute décision officielle que la ZAD allait être « évacuée des éléments les plus radicaux ». Cette annonce laisse comprendre que non seulement l’Etat s’apprête à reculer, mais qu’il maintiendrait sur place les éléments plus pacifiques, engagés dans une économie locale alternative et écologique. Il faut naturellement compter sur le savoir-faire des communicants de l’Elysée, qui ne manqueront pas de mettre en valeur la « fermeté » présidentielle consistant à clore un dossier vieux de cinquante ans. Mais le recul de l’Etat « bienveillant » sur Notre-Dame-des-Landes resterait, hélas, la victoire des minorités violentes. L’Etat faible le deviendrait encore bien davantage. Les contestataires retiendront la leçon.
AFP, 12h50 : le projet d’aéroport est abandonné.

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