Les belles âmes en ont l’œil mouillé : la décision du Conseil constitutionnel, vendredi, de faire de la fraternité une valeur à vocation juridique est applaudie par tous ceux qui ne jurent que par l’humanitarisme et ses valorisantes générosités. « A l’instar de la liberté et de l’égalité, la fraternité devra être respectée comme principe constitutionnel par le législateur et elle pourra être invoquée devant les juridictions », a expliqué Laurent Fabius, le président de la haute juridiction. Appliquée aux clandestins et à ceux qui les aident bénévolement, cette décision n’enlèvera pas, toutefois, le caractère délictueux constitué par l’ »aide à l’entrée irrégulière ». Le Conseill, dans un sursaut de lucidité, a en effet refusé de reconnaître aux étrangers « des droits de caractère général et absolu d’accès et de séjour sur le territoire national ». La complicité « fraternelle » restera donc sanctionnée, si elle consiste pour un citoyen à faire franchir la frontière à un clandestin dans sa voiture. Mais une fois la frontière passée, le conducteur se verra assurer de la nouvelle protection du Conseil, désormais acquis au confort intellectuel des bons sentiments. Cependant, quitte à accepter la logique de la niaiserie et de l’a peu près dans le droit, rien ne devrait dès lors permettre de sanctionner celui qui, par bonté d’âme, a aidé un migrant à passer en France. S’il n’y a plus de complicité une fois franchi la frontière, pourquoi devrait-elle être maintenue avant ? Passons…
Il n’est évidemment pas convenable de trouver à redire à la mise en principe de l’une des trois valeurs de la république. Le sentimentalisme du discours dominant, empli de « vertus chrétiennes devenues folles » (Chesterton), est acquis au règne de l’émotion et de la larme. Ces signes sont compris par la pensée médiatique comme l’aboutissement d’une civilisation acquise à l’Homme. Pour ma part, je vois l’inverse se dessiner. Je redoute, avec ces faux curés, le lent délitement d’une culture qui se désarme et se livre à sa conquête à force de se croire exemplaire. « Qui veut faire l’ange fait la bête », a prévenu Pascal. Alors que l’Europe est aux prises avec une offensive migratoire sans précédent, la décision du Conseil constitutionnel vient avaliser, avec une naïveté régressive, l’idéologie du renoncement. La France vulnérable va avoir besoin de protections juridiques contre un immigration clandestine qui n’en est qu’à ses balbutiements. Dès à présent, les guides distribués aux migrants les informent de leurs droits. L’un d’eux s’intitule : « Europa, une introduction illustrée à l’Europe pour les migrants et les réfugiés ». Il est financé par l’Arab fond of Art and culture (Afac) et publié par Al-Liquindoi. A la lecture de ces documents, les clandestins font leurs choix. La fraternité du Conseil leur dit : « Welcome ! ». Or les juges n’ont pas à imposer leurs lubies aux Français. Instrumentaliser la fraternité au profit de clandestins à la recherche du plus offrant est une trahison.

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