Recherche ministre de l’Intérieur, désespérément : Emmanuel Macron, qui a confié cette nuit le poste de premier flic de France à son premier ministre, Edouard Philippe, laisse voir le vide qui est derrière la clinquante Macronie. Ce monde clos se révèle, en effet, incapable de fournir sur le champ un successeur à Gérard Collomb qui a jeté l’éponge. Il est loin le temps où Macron, tout juste élu, se permettait en juillet 2017 de rabrouer le Chef d’état-major des Armées en lui rappelant : « Je suis votre chef ». Cet autoritarisme déplacé, que le général Pierre de Villiers avait récusé en démissionnant de ses fonctions, a montré depuis ses limites annoncées. Non seulement Jupiter ne maîtrise rien des humeurs de son gouvernement, mais il se fait humilier par celui, Collomb, qui avait été son premier soutien. En confirmant, hier dans Le Figaro, son intention de démissionner en dépit du refus présidentiel, le ministre de l’Intérieur a fait acte de rébellion. Ceux qui ne veulent voir dans sa décision spectaculaire qu’un désarroi affectif passent à côté du SOS politique envoyé par celui qui veut désormais se réfugier dans sa mairie de Lyon. Ce que fuit Collomb, après Nicolas Hulot et le général de Villiers, est une pratique du pouvoir personnalisée à l’extrême et inefficace. Elle a fait le vide autour d’un président nombriliste habité par son propre destin. Inutile de préciser, pour les habitués de ce blog, que le naufrage du macronisme n’a rien d’étonnant. La mascarade habite le pouvoir depuis le début. La marée qui se retire dévoile des nageurs sans maillots et sans bouées.
Collomb a eu le mérite d’indiquer le nord, dans un gouvernement guidé par l’air du temps. Le ministre de l’Intérieur a fait connaitre ses critiques sur la généralisation du 80km/heure sur les départementales, le fardeau fiscal excessif supporté par les retraités, la pratique hautaine du pouvoir, les risques découlant du fait du prince (affaire Benalla), le politiquement correct. Pour autant, l’histoire ne le classera pas parmi les grands ministres de l’Intérieur. La raison en est simple : les sujets qu’il avait à traiter – l’immigration, la violence urbaine, le communautarisme, le terrorisme islamique, etc. – n’ont jamais été pensés comme des priorités par le chef de l’Etat. L’impasse de Macron sur les problèmes sociétaux, au profit de l’économie, explique peut-être pourquoi le ministère de l’Intérieur sera géré, en tout cas pour l’instant, par le premier ministre. Ce mercredi, dans une rapide cérémonie de passation de pouvoir avec Philippe, Collomb a insisté sur la situation « très dégradée » des quartiers difficiles. « On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face ». En réalité, ce face à face hostile est une réalité depuis longtemps. « On n’est plus en République, j’en ai parlé à Collomb » s’est d’ailleurs émue ce week-end Martine Aubry, maire de Lille. En 2011, elle expliquait, parlant de sa ville : « 35% de Maghrébins, eh bien c’est génial. Moi je m’emmerde dans une ville où on est tous pareils ». L’atterrissage des autruches s’annonce brutal.
Je participerai, ce mercredi, au Club Pujadas, sur LCI (18h-19h30)
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