« François Hollande a pris la mesure de la situation », a tenté de rassurer, ce mercredi matin, le président (PS) du Sénat, Jean-Pierre Bel. Or tout démontre le contraire. Il suffit d’observer la gauche sermonneuse poursuivre son prêchi-prêcha sur le FN « antirépublicain ». Il n’est pas de meilleure manière, pour soutenir la dynamique de ce parti, que de l’ostraciser toujours davantage, au prix de clichés éculés. De ce point de vue, le Front républicain, que le PS a réussi à imposer cahin-caha pour le second tour, risque d’être une incitation supplémentaire, pour des esprits révoltés, à soutenir le mouton noir. En effet, il est peu probable que les mots d’ordre des appareils politiques impressionnent encore un électorat qui vient de montrer, au contraire, le mépris qu’il éprouve pour les partis traditionnels et pour les professionnels de la politique. Le PS reste, dans ses maladresses renouvelées face au FN, le meilleur promoteur de ce dernier. Il prend le risque d’une humiliation encore plus grande dimanche soir car il n’est plus qualifié pour lui faire la leçon. D’autant que l’électorat de la « diversité », qui avait contribué à élire Hollande en 2012, lui a fait faux bond dimanche dernier. En fait, rien ne justifie plus le complexe de supériorité du PS vis-à-vis du parti de Marine Le Pen, à partir du moment où les électeurs font le choix de faire confiance à ce « tiers exclu de la vie politique », pour reprendre l’expression du politologue Jean-Yves Camus, lue ce matin dans L’Humanité. Entendre les responsables du PS revendiquer une autorité morale sur le FN est ridicule. Non, rien ne distingue plus le PS du FN, sinon évidemment leurs convictions. Dans le flot d’arguments destinés à faire comprendre que l’intrus ne serait pas républicain, les commentateurs citent le plus souvent son désir de sortir de l’euro, sa volonté de réformer le droit du sol, sa défense de l’identité française. Ce ne sont pas là, certes, les choix de la gauche. Mais où est-il écrit qu’elle serait la seule dépositaire des valeurs autorisées ? De son côté, François Léotard a rappelé, mardi, les « racines fascisantes » de l’extrême droite. A ce jeu, pourquoi taire l’effrayant passé du Parti communiste qui pactise avec le PS ? Et pourquoi passer sous silence l’antisémitisme qui s’exprime à l’extrême gauche ? Vendredi, une dizaine d’Israéliens francophones venus dialoguer avec des étudiants de Paris–VIII Vincennes ont été violemment pris à partie par des militants du collectif Palestine. Le temps est venu de juger le FN sur ses actes et non plus sur ses arrière-pensées. Pour ma part, je trouve son programme économique délirant ; la droite libérale ne peut que le combattre. Mais rien ne justifie d’imposer des exclusions « républicaines » quand il s’agit pour lui de défendre l’Etat-nation, la laïcité, la citoyenneté, la liberté d’expression : autant de valeurs délaissées par le PS arrogant et la droite oublieuse.Je participerai, ce mercredi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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