Donc, Nicolas Sarkozy brûle de revenir en politique. Il est apparemment persuadé être celui qui sortira la France de son déclin. A lire les journaux, l’ancien président battu pourrait déclarer sa candidature à la présidence de l’UMP à la rentrée. Dès à présent, l’antisarkozysme a d‘ailleurs changé de camp : longtemps porté par le PS en guise de programme, il habite désormais un certain nombre de barons de l’UMP, François Fillon en tête. Il faut faire confiance à la droite, déjà empêtrée dans ses magouilles financières avec l’affaire Bygmalion, pour étaler ses querelles et ses inimitiés. Alors qu’elle devrait être le point de convergence de l’opposition au hollandisme et à ses balivernes (on apprend ce mercredi que le « retournement économique » annoncé par le chef de l’Etat devrait se solder par une croissance de 0,7% en 2014), elle a laissé ce rôle en or au FN. L’UMP tente de se rassurer du fait que ce parti n’a pu constituer un groupe au Parlement européen. Elle croit y voir un affaiblissement de Marine Le Pen. En réalité, son refus de faire alliance avec des organisations d’extrême droite comme le Jobbik hongrois ou l’Aube dorée grecque consolide au contraire, et au prix fort, sa quête de respectabilité. Une marginalisation accrue de Jean-Marie Le Pen, dont la sortie sur la « fournée » a découragé les démocrates suédois et le parti lituanien Ordre et Justice à rejoindre le FN dans un même groupe, clarifierait l’indiscutable mutation de cette formation. Le FN n’en reste pas moins, au royaume des aveugles, le mouvement le plus dynamique.Cette donnée s’impose à l’opposition. La droite n’est plus dans la position de force qui faisait  imprudemment dire au chef de l’Etat d’alors qu’il avait réussi à siphonner le FN. C’est l’inverse qui s’est produit. Or cet échec est notamment celui de Sarkozy, qui a découvert trop tardivement que la société avait viré à droite. Il ne peut donc prétendre à la même forfanterie. Les réalités politiques obligent à plus de modestie vis-à-vis du FN et, probablement, à des compromis ou des rapprochements. L’erreur qui démange la droite centriste serait de continuer à décréter le FN infréquentable en dépit des nouveaux électeurs qui le rejoignent : ce serait là le meilleur moyen de radicaliser une frange de plus en plus importante d’un électorat qui en a assez d’être méprisé. Si les divergences avec le FN ne manquent pas sur le plan économique (son idéologie antilibérale  contredit son pragmatisme sociétal), des convergences existent sur les risques du communautarisme, de l’immigration de masse, de l’oubli de soi, etc. Sarkozy ne pourrait surprendre que s’il décidait de jeter des ponts, en rompant avec l’ostracisme qui n’accorde d’ouvertures qu’à la gauche. Son savoir-faire politique peut l’en rendre capable. Mais il lui faudrait alors affronter, nonobstant d’éventuelles suites judiciaires dans des affaires en cours, le tribunal médiatique et ses inquisiteurs. Chiche ?

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