Le Covid aurait-il eu raison de la « société ouverte », chère à la macronie ? Sa conversion apparente au souverainisme donne des gages au « parti des enracinés » dont je veux bien être un porte-parole. Le journaliste Yvan Audouard, disparu en 2004, parlait des « chiens de garde de la connerie » pour dénoncer les travers de son siècle. Leurs héritiers gardent toujours les entrées du Pouvoir. N’est-ce pas Olivier Véran, immuable ministre de la Santé, qui affirmait en février 2020 : « On ne fermera pas les frontières car ça n’aurait aucun sens » ? « Les frontières physiques n’ont pas de sens pour un virus », avait rajouté Sibeth NDiaye, la porte-parole du gouvernement, recasée depuis chez Adecco France. Le 10 mars 2020, c’est Emmanuel Macron lui-même qui qualifiait de « mauvaise décision » le choix de l’Autriche de se fermer à l’Italie contaminée. Il aura donc fallu près d’un an pour que l’Etat comprenne l’utilité des frontières comme protections naturelles, singulièrement en cas d’épidémie. En effet, après l’annonce du premier ministre Jean Castex, jeudi dernier, de faire tester et de mettre sous surveillance les voyageurs venant de l’extérieur de l’Union européenne, la mesure pourrait être étendue au cœur de l’espace Schengen. « Nous envisageons de renforcer au sein de l’espace européen les mesures de contrôle », a admis dimanche le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. Ce réveil tardif s’accompagne, chez Bruno Le Maire, d’un débordement d’affections soudaines pour le patriotisme économique. Au risque, comme souvent chez les nouveaux convertis, d’en faire trop dans leurs nouvelles convictions. C’est ainsi que le ministre de l’Economie, jadis défenseur du libéralisme, vient de s’opposer au « rapprochement amical » entre le Français Carrefour et le Québécois Couche-Tard, dans le domaine de la distribution alimentaire. C’est au nom de la « sécurité alimentaire » que Le Maire a entravé cette alliance décidée par deux entrepreneurs privés, pourtant plus au fait de leurs intérêts commerciaux que l’Etat, si piètre gestionnaire. On passera sur cette paranoïa qui gagne le gouvernement, quand il croit déceler dans un pacte amical une tentative d’agression. Mais le message, ici envoyé, d’un Etat tentaculaire et intrusif n’est pas à la hauteur des enjeux. Le besoin d’enracinement, révélé par la crise sanitaire, peut faire bon ménage avec un libéralisme ordonné, libre et non faussé. En revanche, il ne s’accorde pas avec le laxisme d’Etat quand il renonce à maitriser l’immigration de masse et les sources intérieures de l’insécurité au quotidien. C’est cette « société ouverte » là qui doit fermer ses portes. Je participerai, ce lundi, à L’heure des pros 2 sur CNews Je participerai, mardi, à L’heure des pros 2 sur CNews.

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