Dans la pétaudière qu’est devenue l’UMP, à cause de la surenchère permanente à laquelle se livrent en direct François Fillon et Jean-François Copé, la voix des militants n’est plus audible. Pourtant, ce qu’ils ont dit dimanche dernier est clair : ils veulent que la droite, centriste et mollassonne, évolue vers davantage de radicalité et de courage. C’est le sens de la dynamique qui a porté Copé, au point d’humilier Fillon qui s’était imaginé pour lui-même une stature désirable d’homme providentiel. C’est également le sens des courants de la Droite forte et de la Droite populaire qui, à eux seuls, ont recueilli près de 40% des voix. Les militants veulent que leur parti se positionne clairement à droite et en finisse avec ses pudeurs de chaisière qui font tant plaisir à la gauche. Or, depuis une semaine, ce message est passé à la trappe. L’appareil UMP a même tenté de faire revenir sur le devant de la scène, ce week-end, Alain Juppé : un anachronisme, tant l’ancien premier ministre, vénéré par le choeur médiatique, est le symbole de cette droite mal dans sa peau, incapable d’aborder les problèmes liés au développement du communautarisme et à l’affaiblissement de la cohésion nationale.Il existe, chez les responsables de droite, un refus d’entendre les militants. Même si Copé a eu tort d’annoncer précipitamment sa victoire, aujourd’hui contestée, l’acharnement que met Fillon à vouloir casser la machine UMP revient à vouloir briser un miroir parce qu’il ne reflète plus sa seule image : c’est sa propre carrière qu’il saborde probablement. Et quand Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, annonce, ce lundi, sa prétention à « incarner le leadership de l’opposition » en lieu et place de l’UMP, il ne se rend pas compte qu’il parle comme pourrait le faire le nouveau centriste, François Hollande. Hier, dans le JDD, Borloo se flattait de vouloir accompagner l’ « irréversible internationalisation » et de défendre « l’humanisme, le respect de l’autre, le droit des femmes », etc. C’est ce cathéchisme, indifférent aux souffrances identitaires des Français vulnérables à la mondialisation, qui est remis en question par ceux qui ont été appelés à fixer un nouveau cap pour l’UMP. Le vrai « coup d’Etat » serait de les ignorer. Et de les faire fuir chez Marine Le Pen.
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