La France est une île ; une île sur un nuage. C’est du moins ce que croit la gauche au pays des merveilles. C’est pourquoi elle estime n’avoir pas à supporter l’austérité que s’imposent ses voisins. En 2014, elle aura le plus haut niveau de dépenses publiques  (57,% du PIB) de l’union européenne. Mais Jean-Marc Ayrault l’a redit, dimanche soir sur TF1 : « Il n’y aura pas d’austérité. C’est une invention de propagande. Moi je veux sauver le modèle social, le modèle républicain français ». Pierre Moscovici avait soutenu la même chose, le matin même sur Europe 1 : « L’austérité c’est fini ». En juin 2012, le même ministre du Budget assurait : « La France arrivera à 3% de déficit en 2013 sans mesure d’austérité ». En juillet, dans Le Figaro, il en rajoutait encore: « Revenir sur cet impératif non négociable (de 3% en 2013) serait un appel au meurtre ». On connaît la suite de la pantalonnade : non seulement les 3% exigés par le pacte de stabilité ne seront évidemment pas atteints, mais 2013 clôturera sur un déficit de 3,9%. Il devrait s’envoler à 4,2% en 2014  selon Bruxelles, alors que Paris prévoyait 2,9%. C’est face à ces prévisions désastreuses que la commission européenne vient d’accorder un sursis de deux ans à la France. Mais il y a un malentendu sur cette décision.   Le gouvernement cigale, aisément accessible à l’autocélébration qui caractérise la gauche française, voit sa propre victoire dans ce report d’échéance. « Il s’agit d’une véritable réorientation européenne de la construction européenne vers la croissance. L’austérité n’est plus le dogme », soutient Moscovici. Mais cela fait un an que ce dernier ne cesse d’abuser les gens. Alors que l’Europe attend de la France qu’elle fasse enfin les efforts que supportent ses alliés fourmis (le Portugal supprime, ces jours-ci, 30.000 postes de fonctionnaires et passe de 35 h à 40 h par semaine), les socialistes ne l’entendent pas de cette oreille. Ils interprètent le geste de Bruxelles comme un encouragement à leur addiction à la dépense publique. Harlem Désir, premier secrétaire du PS, récite ce lundi que François Hollande a « engagé des réformes fondamentales pour notre pays », qu’il a fallu, dit-il, « désarkoyser ». Mais où sont les économies dans les dépenses publiques et les aides sociales, qui font couler la France ? Où sont les réformes des retraites et du temps de travail ? Où sont les audaces ? La gauche, non contente de vivre hors du monde, croit aux miracles. On en voit les premiers effets catastrophiques après seulement un an de pouvoir à l’Elysée et au parlement. Encore quatre ans.NB: Une pétition en soutien de mon confrère Clément Weill-Raynal, journaliste à FR3, a été ouverte sur le site Causeur.

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