Les yeux s’ouvrent sur l’antisémitisme musulman en France. Ce dimanche, Le Parisien a publié une tribune « contre le nouvel antisémitisme », sans oser néanmoins le qualifier davantage dans son titre. Le texte a recueilli plus de trois cents signatures, majoritairement parisiennes et « people ». Votre serviteur a également approuvé ce texte, écrit notamment par Philippe Val, ancien directeur de Charlie-Hebdo. Mon nom a été néanmoins écarté de la version imprimée du quotidien. Sans vouloir sur-interpréter cette exclusion anecdotique, le geste laisse deviner, chez ceux qui ont géré la publication, une gêne à reconnaître la lucidité de ceux qui, à droite, sonnent l’alarme depuis des lustres sur le totalitarisme islamique et son rejet de l’altérité. Derrière les juifs, c’est le monde occidental qui est la cible de la radicalisation islamiste. Or, pendant longtemps, un certain nombre de signataires de ce manifeste ont désigné le Front national comme l’unique source de danger antisémite, sans vouloir regarder en face la nouvelle judéophobie si bien décrite par Pierre-André Taguieff. Je pourrais reprocher au texte sa critique sur le « silence médiatique », qui oublie les premiers journalistes lanceurs d’alerte et les insultes qu’ils essuient encore… Le texte pêche sans doute aussi par une prétention à s’approprier une vérité longtemps interdite, y compris par le show-biz signataire. Ce monde-là ne s’excuse pas aisément de ses oublis. Il n’en reste pas moins que ce manifeste rompt enfin avec le conformisme de la pensée. Il a le mérite immense de dire ce qui est.
Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu Bernard Cazeneuve, Bertrand Delanoë ou Jean-Pierre Raffarin, signataires parmi d’autres personnalités politiques, aller si loin dans la mise en cause de la « radicalisation islamiste et l’antisémitisme qu’il véhicule ». L’étouffoir du politiquement correct, ajouté au clientélisme électoral, interdisaient jusqu’alors de faire un tel lien, en prenant prétexte de la protection des minorités, du refus de l’amalgame et de toute discrimination. Le pas franchi n’est pas mince quand le texte évoque, face à des Français juifs contraints de quitter des cités, une « épuration ethnique à bas bruit au pays d’Emile Zola et de Clémenceau ». Je ne peux que me réjouir de voir se rassembler gauche et droite, progressistes et conservateurs, sur ce même constat, partagé par les imams qui avaient rejoint la marche blanche pour Mireille Knoll : « L’antisémitisme musulman est la plus grande menace qui pèse sur l’islam du XXIe siècle et sur le monde de paix et de liberté (…) ». Un bémol cependant : il ne revient pas, selon moi, aux signataires de demander « que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémitisme catholique aboli par Vatican II ». Cette éventuelle réforme du Coran n’appartient qu’aux musulmans ; de surcroît, parler « d’antisémitisme catholique » est un raccourci qui oublie le lien fondateur judéo-chrétien. Mais ces réserves sont balayées par le vent de liberté que semble annoncer ce réveil des consciences. Seront-elles désormais aussi franches sur l’immigration, qui a importé cet antisémitisme ?…

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