Emmanuel Macron en rêvait : prendre le monde à témoin de sa capacité persuasive à faire changer d’avis l’imprévisible Donald Trump sur le dossier du nucléaire iranien. Las ! Le président risque de rentrer penaud à Paris, ce mercredi soir. Il est vrai que la rencontre entre ces deux personnalités semblablement narcissiques ne laissait guère présager, en dépit de la mise en scène d’une amitié exubérante, d’amabilités allant jusqu’à des volte-face politiques. La lecture des images télévisées laisse voir, depuis l’arrivée du couple présidentiel à Washington, un Trump cherchant à prendre physiquement et ostensiblement le dessus sur son interlocuteur. Tout d’abord, ni le président américain ni le vice-président n’ont daigné se déplacer pour accueillir, lundi, leurs invités sur la base aérienne d’Andrews. Ensuite, les téléspectateurs ont pu observer Trump additionner des gestes paternalistes et humiliants pour Macron, ici en feignant d’enlever des pellicules sur le col de sa veste et en le commentant publiquement, là en l’entraînant fermement par la main dans son bureau comme il le ferait avec un enfant. Enfin, avant même que ne s’ouvrent leurs discussions sur le rejet annoncé de l’accord conclu par Barack Obama sur le programme nucléaire iranien, Trump avait déjà qualifié le texte de « désastre ». Ce mercredi, le Kremlin a exclu l’hypothèse avancée malgré tout par Macron d’un nouvel accord. Déjà, au lendemain de l’intervention française en Syrie, Trump avait tout de suite contredit Macron qui assurait l’avoir convaincu de rester en Syrie sur la durée. L’Américain ne l’avait pas d’avantage suivi quand il avait confirmé sa dénonciation de l’accord de Paris sur le climat.
La prétention française à influer sur la politique américaine est celle d’un chef d’Etat qui ne sait apparemment pas maîtriser ses ambitions. Il y a chez Macron une tendance à vouloir s’approprier tout ce qui pourrait le grandir. « Nous sommes tous deux des dissidents du système », a-t-il ainsi lancé mardi. Il est vrai que les parcours des deux dirigeants pour accéder au pouvoir sont atypiques. Mais ce rapprochement dans l’antisystème n’en reste pas moins risible : si le président américain s’est effectivement fait élire en dépit de l’opposition de la quasi-totalité des médias, de l’ensemble du monde intellectuel et de la défiance de Wall-Street, le président français est le pur produit du Système toujours en place. Il est constitué en l’occurrence d’une alliance entre le Cac40, les technocrates de Bercy, l’intelligentsia germanopratine et la plus grande partie des médias. Si Trump ne cesse de batailler contre le politiquement correct, Macron en est, lui, la pesante incarnation. Si le premier a théorisé instinctivement « la passion nationale (qui) est à l’œuvre en ce début du XXI e siècle » (1), le second en est encore à parler de « souveraineté européenne ». Macron voit un détestable populisme chez ceux qui, comme Trump, défendent le retour aux frontières, aux identités, aux protections des peuples, quitte même à hisser des murs. Le président français est persuadé d’avoir raison. Reste que le vent de l’histoire souffle dans la direction prise par le président américain. Des deux dirigeants, c’est Trump qui pourrait bien à l’avenir prétendre être le guide.
(1) Hervé Juvin, France, le moment politique, Le Rocher
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