La France est en guerre, mais parlons d’autres choses. Pour le général Vincent Desportes (Le Monde, vendredi), l’ennemi est désormais « chez nous » : « Un jour il s’appelle Al-Qaïda, un autre un djihadiste de retour d’Irak (….) Les Français s’imaginent que parce qu’ils ont tué la guerre chez eux depuis soixante-dix ans, la guerre est morte. C’est faux ! Ils doivent prendre conscience de la montée des périls. » 10.000 soldats ont d’ailleurs été mobilisés sur le sol national, doigts sur la gâchette, pour prêter main forte aux gendarmes et aux policiers. La situation intérieure n’a jamais été aussi tendue. Tourcoing vient de connaître cinq jours d’émeutes, passés sous silence. L’emprise territoriale de l’islam radical révèle chaque fois davantage son ampleur. Pourtant, les autruches ne se sont jamais aussi bien comportées, plongeant la tête dans le sable à mesure que le danger se précise. Vendredi dernier, à la Bourse du travail de Paris, une Union syndicale (sauf FO) a présenté un texte de combat contre « toute logique discriminatoire, sexiste, raciste ou antisémite », s’inscrivant dans le prolongement de « l’esprit du 11-janvier ». Mais nulle part n’est mentionné l’islam radical comme étant à la source des attentats terroristes. Les sept syndicats signataires  d’un « appel commun » invitent en revanche les salariés dans les entreprises à « barrer la route au populisme, aux idées d’extrême droite et à la démagogie ». Pour eux, les réponses à apporter doivent passer par une « relance de l’économie » et par la  création « d’emplois de qualité ». Cet exemple caricatural de déni des faits et de déformation des enjeux n’est pas une découverte. Cependant, ce type d’attitude révèle son potentiel de trahison et de collaboration, quand l’ennemi véritable est à ce point ignoré, au profit de la diabolisation d’un « populisme » qui désigne le peuple français comme coupable.  Cet aveuglement, qui court vers le pire, est aussi celui d’Arnaud Montebourg qui a cosigné, hier dans le JDD, une tribune avec le banquier Matthieu Pigasse, sous un titre empruntant à la petite musique de Renaud Camus : « Hébétés, nous marchons droit vers le désastre ». Or cette phrase le définit lui-même. Si l’ancien ministre socialiste dit quelques évidences quand il constate  l’ »accession possible (du FN) au pouvoir », le poids trop élevé des impôts ou la lucidité des gens sur la situation de la France, le reste de sa démonstration n’est qu’un salamalec au conformisme dont il se dit pourtant libéré. Celui qui se verrait bien en avatar de Cincinnatus, frondeur attendant d’être appelé par le peuple orphelin, risque de poireauter encore longtemps. Car contrairement à ce qu’il affirme, « les causes réelles et profondes qui jettent des millions de Français dans les bras du FN »  ne se résument pas  à « l’explosion du chômage, la hausse de la pauvreté et la montée du sentiment de vulnérabilité dans presque toutes les couches de la société française ». Si cela était, Jean-Luc Mélenchon n’en serait pas à cet étiage. Tout vouloir résumer à la crise économique et sociale est une lâcheté politique qui permet d’éviter d’aborder crise identitaire, qui est le vrai moteur du FN. C’est cette crise, portée par l’immigration de peuplement, le multiculturalisme et désormais la « drôle de guerre », qui attend des solutions. Le choix de Montebourg de ne rien évoquer clairement de ces sujets, pour se contenter de cogner sur Berlin et Bruxelles, décrédibilise ses prétentions politiques et son originalité intellectuelle. Montebourg est une autruche parmi d’autres, dans un monde politique et syndical largué.  Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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