Emmanuel Macron se rêve en héros batailleur. Dans les décombres de Saint-Martin, l’île antillaise ravagée par le cyclone Irma, le président en bras de chemise s’est mis au plus près des sinistrés. L’Élysée a fait savoir que le chef de l’État avait dormi, mardi soir, sur un lit de camp dans la gendarmerie, avec un seau d’eau pour sa toilette. Cette communication suffira-t-elle à corriger l’élitisme de son mouvement et sa propre politique technocratique ? En Roumanie, en août, il avait dit des Français confrontés aux réformes : « C’est un peuple qui déteste ça ». À Athènes, vendredi, il avait évoqué les « fainéants » qui s’opposent à ses projets. Pourtant, mardi, les manifestations contre le Code du travail se sont réduites, avec la CGT et Sud, aux vieilles processions mitées d’un syndicalisme minoritaire et sclérosé. Les directions de FO et de la CFDT avaient pris soin de s’extraire de cette glaciation idéologique. Le peuple raisonnable a refusé d’entrer dans le jeu d’un président juvénilement querelleur. Jusqu’à quand ?

Disparu, le candidat qui parlait de « bienveillance ». Quand ses supporters, dans ses meetings électoraux, s’apprêtaient à conspuer les adversaires, l’homme de cœur les priait d’une voix douce, les mains ouvertes : « Ne les sifflez pas! Jamais ! ». Aujourd’hui, le président s’est durci. S’il s’applique à « dire les choses », c’est contre ceux qui lui résistent. Une férocité apparaît chez cet ambitieux à l’ego suraigu. Lundi, le chef de l’État a assuré qu’il ne « regrettait absolument pas » d’avoir déclaré : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ». Ce jour-là, il avait aussi tenu à « assumer » ses propos sur la France irréformable. Précédemment, il s’était fait les dents sur « ceux qui ne sont rien », mais aussi sur « les forces du monde ancien » et « les esprits tristes englués dans l’invective permanente »; il visait là des intellectuels comme Alain Finkielkraut, ou Michel Onfray.

L’autoritarisme que Macron avait exprimé, en juillet, en humiliant publiquement le général Pierre de Villiers (« Je suis votre chef ») avait jeté le doute sur la maturité de son caractère : les faibles ont souvent ce besoin d’affirmer leur pouvoir. (La suite ici)

Rajouté ce dimanche 17 septembre à Ithaque (Grèce) : ayant rejoint la croisière des lecteurs du Figaro pour y donner une conférence (thème : le courage de la vérité), je ne pourrai publier de blog lundi.

Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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