Le référendum est un instrument trop précieux pour être trituré. Dimanche, la question posée aux Grecs était si technique (« Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la BCE et le FMI lors de l’Eurogroupe du 25 juin ?  ») que le non franc (61,31 %) reste flexible. Dans la mémoire nationale, il fait écho au «  Oxi !  » (non !) de l’autocrate Joannis Metaxas : c’est ainsi qu’il s’opposa, le 20 octobre 1940, à Benito Mussolini qui exigeait de faire passer ses troupes sur le territoire rebelle. Le même acte de souveraineté et de résistance a été reproduit par des citoyens désireux de reprendre leur destin en main. Ce vote contre l’oppressante Union européenne (UE) est une étape dans la révolte des peuples face aux oligarchies. Les « nonistes » français de 2005 lui trouvent un air de famille avec leur victoire (à 55 %) contre la Constitution européenne. Pourtant, pour Alexis Tsipras, cette lecture n’est pas la bonne. Pour le manipulateur qu’est le premier ministre grec, coqueluche de l’extrême gauche, le non massif de ses concitoyens doit être compris, en fait, comme un oui sans ambiguïté. Oui à l’UE, en dépit de ses défauts ; oui à la zone euro, malgré ses exigences. Mais oui, aux conditions posées par le petit pays surendetté et martyrisé, forcément, par ses méchants créanciers : une victimisation qui a ému, mardi, Dominique de Villepin, sensible à la « fierté » grecque. En 2005, ce partisan du oui n’avait pas eu cette même compassion pour ses compatriotes « populistes », insultés par le Système. Cette fois, les envolées contre la « dictature » de la finance, le « terrorisme » des « banksters », la « brutalité » de l’Allemagne héritière du nazisme, les « talibans » de la règle à calcul, etc., attisent la fougue des romantiques rétro et des néocommunistes indécrottablement manichéens. Spectacle affligeant. Abracadabra ! Voici donc le bel élan patriotique transformé par Tsipras en un plébiscite pour un régime antilibéral et prolétarien, salué de Raul Castro à Jean-Luc Mélenchon sous les reprises de Bella ciao, chant révolutionnaire qui soutiendrait ici l’insurrection contre le capitalisme mondialisé.(La suite ici)

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