Protéger les peuples et la nature : c’est le ressort du sursaut conservateur, souvent décrit ici. Il a déferlé sur l’Europe à l’occasion des élections au Parlement. La quasi-totalité des 27 pays de l’Union ont confirmé, en choisissant ds droites réalistes en dépit de la crise financière, une tendance lourde qui rejette les idéologies, vu leurs bilans. Ce n’est pas seulement l’incapacité du PS à ouvrir les yeux qui a été sanctionnée : tous les « progressistes » payent pour avoir nié des évidences. C’est pourquoi la survenue en France d’Europe Écologie, faux nez de la gauche doctrinaire, tient de la méprise.
L’attention écologique fait partie de ces nouveaux comportements qui veulent défendre des acquis fragiles, comme l’est aussi la culture. « Il n’y a pas d’Europe s’il n’y a pas de patrie, d’enracinement », assure François Bayrou, commentant sa déroute, après avoir dénoncé naguère « l’obsession de l’identité nationale ». Le bon score de la liste de Daniel Cohn-Bendit (16 %) répond à l’inquiétude sur la vulnérabilité de la nature, plus aisément exprimable que l’inquiétude sur la vulnérabilité des nations. Mais ce sont des idéologues qui, en l’occurrence, tentent de revenir par la fenêtre.
Les citoyens expriment un besoin de vérité, en réaction aux désinformations qui masquent les problèmes. Or le matraquage accompagne Europe Écologie, qui mêle Verts, altermondialistes, mouvements associatifs. « Les écologistes sont le moteur d’un monde nouveau et d’une nouvelle société », prévient le député Vert Noël Mamère. Cécile Duflot, porte-parole, prône la « décroissance », sans voir que « plus la richesse d’une société est grande, plus la qualité de l’environnement l’est aussi » (Vaclav Klaus, président de l’Union européenne) (1).
Ce monde fermé du militantisme reproduit, dans sa religion, ce que les Français, vaccinés des idéalistes, rejettent. Le trou dans la couche d’ozone est oublié, mais le réchauffement climatique est présenté comme évidemment dû à l’activité humaine : un prétexte pour remettre en cause la société libérale, le capitalisme, le nucléaire, le progrès. Les scientifiques qui avancent l’explication des cycles naturels sont classés hérétiques. Claude Allègre en sait quelque chose.
Bref, le politiquement correct, ébranlé par les défaites des gauches européennes qui l’auront tant porté, tente une nouvelle offensive avec Europe Écologie, qui veut « s’incruster » (Cohn-Bendit) avec son cortège de taxes, d’interdits, d’intimidations. Dès à présent, le film apocalyptique et sans nuance de Yann Arthus-Bertrand, Home, multidiffusé à la veille des élections, est encensé par Nicolas Sarkozy. Serait-il impossible de sortir de la propagande ?
Abus de confiance Sur l’écologie comme sur les autres grands sujets, il faudrait savoir de quoi l’on parle. Pourtant, la désignation et l’évaluation des problèmes sont impossibles, tant la pensée unique, caricaturale chez les environnementalistes, interdit la contradiction. La lutte contre le changement climatique, que l’Élysée veut soutenir, fait l’impasse sur les remarques de ceux qui rappellent notamment que le niveau des mers a déjà augmenté de 120 mètres depuis la dernière période glacière ou que les glaciers alpins ont disparu avant de se redévelopper. Un débat sur les causes du réchauffement devrait être le préalable à toute politique. Il n’en est rien. Le gouvernement, qui jure ne pas vouloir augmenter les impôts, en est à étudier le projet d’une taxe carbone, tandis que les experts de Bercy réfléchiraient à des taxes supplémentaires sur l’essence, le gaz, le charbon. Est-ce pour ce monde sectaire, assigné à la tutelle de l’État, qu’ont voté les électeurs d’Europe Écologie ? Le succès de Daniel Cohn-Bendit pourrait bien se révéler pour ce qu’il est : un abus de confiance.
Obama en renfort Cet assaut du politiquement correct vient plomber un discours politique qui peine à s’en défaire. D’autant que ce prêt-à-penser a trouvé un renfort avec Barack Obama, qui est sur la ligne de l’écologie politique et de ses peurs scénarisées. Abordant, la semaine dernière au Caire (Égypte), les relations entre l’Occident et le monde islamique, le président américain a donné la mesure du conformisme de la gauche américaine, en se faisant le porte-parole de l’histoire « revisitée ». Ainsi, selon Obama, « c’est l’islam (…) qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au siècle des Lumières en Europe ». Une affirmation (parmi d’autres) pour le moins contestable – pourquoi dès lors l’islam des Lumières tarde-t-il tant à s’affirmer ? – qui illustre ce que dénonce l’historien Sylvain Gouguenheim, qui soutient au contraire la continuité des racines grecques dans l’Europe chrétienne. Il est vrai que, depuis la sortie de son livre (Aristote au Mont-Saint-Michel, Seuil), Gouguenheim ne compte plus ses détracteurs. Les pétitionnaires se bousculent, en revanche, pour soutenir, ces jours-ci, Vincent Geisser, chercheur au CNRS et militant de la cause islamique, à qui serait reproché un manquement à l’obligation de réserve.
Le PS moribond Le PS est moribond, pour s’être claquemuré dans une idéologie n’ayant plus de liens avec la vie des gens. Aussi, quand Martine Aubry appelle les « éléphants » au chevet d’un parti qu’ils ont eux-mêmes anéanti, elle ne peut qu’accélérer sa déchéance. À quand la nouvelle génération ?
(1) Vaclav Klaus, Planète bleue et péril vert (Qu’est-ce qui est en danger aujourd’hui: le climat ou la liberté?) Editions IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales). www.irefeurope.org
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