Crédible, Barack Hussein Obama ? Ses approximations historiques, qui présentent l’islam, religion de son père, comme source de l’Europe des Lumières et d’inventions comme l’imprimerie, font douter du sérieux de ses analyses. D’autant qu’il dit aussi : « Les États-Unis sont l’un des plus grands pays musulmans de la planète. » Sa récente promotion du voile islamique, symbole de la soumission de la femme, a choqué les défenseurs de la laïcité. L’icône, un brin distante lors de son séjour à Paris, ne mérite pas l’unanimité des louanges.
 L’obamania qui dure, notamment au sein de l’intelligentsia française, obscurcit l’élémentaire esprit critique. Au prétexte que le président des États-Unis a entrepris de se démarquer de son prédécesseur, toute sa politique est louangée par les anti-bushistes d’hier. Même ses œillades aux islamistes et ses mains tendues aux despotes sont jugées exemplaires d’intelligence, par ceux qui estiment que l’Occident doit s’astreindre à l’humilité. Auraient-ils oublié, ces héritiers de Chamberlain, que le totalitarisme méprise les faibles ?
Le coup d’État de Mahmoud Ahmadinejad, en Iran, qui vient de se faire réélire haut la main en fraudant les urnes, a dévoilé s’il en était besoin l’oppression de ce régime islamo-fasciste, qui construit sa bombe atomique et menace Israël. L’irrationalité de ses dirigeants, qui attendent l’Apocalypse comme une délivrance, rend d’autant plus aléatoire toute tentative d’apaisement. Aussi est-il consternant d’observer les silences d’Obama devant cette tyrannie, qu’il n’ose pas même nommer pour ce qu’elle est.
Sa politique de la main tendue est déjà un échec, puisqu’elle l’empêche de choisir, par prudence, entre la répression des illuminés et l’aspiration d’un peuple à sa souveraineté. Alors que la foule iranienne osait, dès lundi, braver les interdits et les balles (sept morts à Téhéran), le président de la plus grande démocratie se garde de prendre parti, sous les encouragements de ses thuriféraires. À moins qu’Obama ne se ressaisisse, il est loisible de voir une lâcheté dans cette attitude.
D’ailleurs, plus généralement, le « soft power » déployé par Obama, en réplique au bellicisme prêté à Bush et aux néoconservateurs, ne brille apparemment pas par son efficacité. Non seulement l’Iran le plus rétrograde se braque, menaçant les droits de l’homme et la paix dans le monde, mais la Corée du Nord multiplie aussi les provocations dans sa course à l’armement nucléaire. Bush avait classé ces deux régimes-là dans « l’axe du Mal ». Les faits montrent qu’il avait raison.
Sarkozy sauve l’honneur Barack H. Obama explique sa retenue en soulignant le peu de différence entre Mahmoud Ahmadinejad et Mir Hossein Moussavi, qui revendique l’élection. Mais ce relativisme relève du cynisme. Certes, les deux hommes sont issus du même totalitarisme islamiste, qui exècre les États-Unis. Cependant, la contestation de la fraude est aussi celle de la politique d’Ahmadinejad. C’est bien un combat pour la démocratie qui incite des Iraniens à manifester pour réclamer la reconnaissance de leurs votes. Mardi, ils étaient dans la rue malgré l’appel au calme de Moussavi, qui n’est donc pour beaucoup qu’un prétexte. Nombreux sont les manifestants qui ont en ligne de mire la « théocratie fasciste », ainsi qu’il la désigne. Les laisser sans soutien aucun ?
C’est la France qui a sauvé l’honneur. Nicolas Sarkozy a dénoncé, mardi, « l’ampleur de la fraude, proportionnelle à la violence de la réaction ». Mercredi, il a enfoncé le clou : « L’idée d’une opposition en Iran est une perspective intéressante. » Faudrait-il que les démocraties fassent profil bas, au prétexte de ne pas susciter le courroux des dictateurs ? Nombre d’obamaniaques le pensent, sans s’alarmer de l’esprit de capitulation qui les gagne. Certes il est de bon ton de reconnaître à l’Occident « une certaine arrogance » (Dominique de Villepin, La Cité des hommes, Plon). Pourtant, c’est bien lui qui reste la référence pour une partie de cette jeunesse en colère, qui aspire à son mode de vie.
Il est d’ailleurs paradoxal d’observer ce goût pour l’autoflagellation, commun aux élites européennes prêtes à prendre acte du déclin de l’Occident, tandis que sa civilisation sert toujours d’idéal ailleurs, au point d’avoir mis en échec le Hezbollah lors des récentes élections législatives libanaises. Quand Villepin écrit, parlant de la laïcité, qu’elle est « le socle de la Cité des Hommes », ne voit-il pas qu’il la menace en invitant l’Europe, dans le même temps, à « rassembler » aussi la Turquie et l’Afrique du Nord, où elle est si mal respectée ?
Courageux Entendre cette pensée conforme en appeler également à l’immigration pour payer les futures retraites illustre l’indifférence qui persiste sur l’état de la société, confrontée, ici et là, à d’inabordables processus de « contre-colonialisme » (Renaud Camus) (1). Mais les yeux s’ouvrent. Le maire (PC) de Vénissieux, André Gerin, soutenu cette semaine par une soixantaine de députés, demande un débat national sur la burqa (voile intégral) qui se multiplie. Manuel Valls (PS) aimerait rajouter dans sa ville (Évry) « quelques Blancs, quelques White, quelques Blancos », au nom de la lutte contre les ghettos ethniques. François Copé (UMP) rêve, lui, « d’un grand débat sur l’identité française », afin d’éviter « que la nation continue de se fissurer en silence ». Les politiques deviendraient-ils courageux?
(1) Sur ce thème, lire aussi le dosssier que consacre, ce mois, la revue Controverses sur le « post colonialisme ».

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