Les Italiens ont adressé, dans la confusion qui fait leur charme, un coup de semonce au monde politique. Le nouveau paysage électoral, né des législatives de ce week-end, rend le pays ingouvernable pour la coalition de gauche de Pier Luigi Bersani. Cependant, des lectures sans ambiguïté peuvent être faites des résultats : la victoire du comique et blogueur Beppe Grillo est celle de sa « révolution civique » contre une démocratie confisquée ; la renaissance de Silvio Berlusconi, évincé en 2011 sous la pression des eurocrates, marque la défiance dans le fonctionnement de l’Union européenne ; la déroute de Mario Monti annonce un divorce avec la zone euro. Ces messages sont aussi des avertissements aux élites françaises. Elles doivent les intégrer, si elles ne veulent pas être balayées au profit d’alternatives incertaines ou démagogiques.Arnaud Montebourg ne décrit pas tout quand il explique : « Les Italiens ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec la politique imposée par les marchés. » Certes, le bonnet d’âne dont Monti a été coiffé est une réplique au mépris du bon élève de Bruxelles pour la vie des gens. Mais la caste politique italienne est plus généralement étrillée par la survenue du Mouvement 5 étoiles (M5S) de Grillo, devenu le premier parti au Parlement et la troisième force derrière les coalitions de la droite et de la gauche. Avec plus du quart des suffrages, cette formation conforte l’électorat silencieux, structuré par Internet, dans sa nouvelle force politique. Dans le laboratoire démocratique qu’est l’Italie, la société civile inaugure son rôle de cinquième pouvoir. L’erreur serait de considérer ses messages, parfois loufoques (semaine de travail de 20 heures), comme forcément irrecevables.Le scénario italien est le symptôme d’une crise de confiance qui n’épargne pas la France. (La suite ici)
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