Il ne s’agit pas de « transformer » la France, comme l’a répété dimanche le premier ministre, en écho à Emmanuel Macron. Cette ambition est du registre de la prestidigitation. En revanche, oui, il faut réparer la France. Cela fait trente ans et plus que la nation est maltraitée par ses dirigeants, de droite comme de gauche. Tous se sont convertis, pour faire modernes, à la nouvelle religion des droits de l’homme. Au nom de la non-discrimination et de l’amour de l’Autre, le dogme invite les Occidentaux à s’effacer au profit de remplaçants n’ayant pas l’intention d’imiter des hôtes si benêts. Comme le remarque le professeur Jean-Louis Harouel, qui alerte depuis longtemps sur cette nouvelle idéologie humanitariste (1) : « La très vertueuse religion séculière des droits de l’homme trace aux Européens le devoir de disparaître en souriant pour faire place à d’autres peuples et d’autres civilisations ». C’est à ce suicide collectif que les dirigeants doivent renoncer. C’est ce qu’exigent ces Français qui n’entendent plus se taire. Des esprits paresseux ont réduit à une pittoresque jacquerie fiscale la révolte des Gilets jaunes. De fait, le mouvement est parti d’une augmentation des taxes sur les carburants. Ces analystes s’estiment confortés par l’essoufflement des révoltés : l’anniversaire de samedi a attiré dix fois moins de monde (24 000 personnes, dont 4 700 à Paris). Pourtant, l’erreur est de croire la parenthèse refermée. C’est ce que laisse comprendre Édouard Philippe, quand il assure que la « volonté de transformer la France est intacte ». L’apparente démobilisation vient de l’incapacité des protestataires à formuler une doctrine. Leur recul signe aussi un refus de cautionner l’emprise finale de l’extrême gauche et de ses casseurs. La lutte des classes, que refourguent les orphelins du communisme, n’est pas ce qui structure les Oubliés. À l’origine, les petits patrons, entrepreneurs et employés du privé constituaient le gros des troupes. Ils ont fait comprendre que le désespoir était aussi identitaire. Avis aux bonnes volontés : le nouveau monde est à construire autour de ce qu’il reste de la France abîmée par le progressisme. (La suite ici) (1) « Libres réflexions sur la peine de mort », Desclée de Brouwer. Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros, sur CNews (9h-10h30)
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