Une déculottée attend le PS, à en croire les sondages sur les départementales (premier tour, dimanche). Selon une étude Ifop publiée ce lundi dans Le Figaro, le parti au pouvoir ne récolterait que 19% des intentions de vote, contre 29% à l’alliance UMP-UDI et 30% au FN. Pour avoir décrit ici, dès 2013, le crépuscule du socialisme (1), cette mort annoncée d’un mouvement refermé sur lui-même n’est pas une surprise. Entendre, ce matin sur RTL, Najad Vallaud-Belkacem (PS) partir à l’assaut du FN avec un sabre en bois en disant de lui qu’il est « le parti de la haine » illustre la rigidité intellectuelle et l’intransigeance idéologique qui s’observent dans cette gauche incapable de comprendre les ressorts identitaires du néo-populisme. La « haine », comme le « racisme » ou la « discrimination », sont des accusations qui n’ont pour objectif que de culpabiliser la renaissance du sentiment national au cœur de la société civile. Or il est vain de vouloir lutter contre ce mouvement de fond, qui n’est que la réaction vitale d’un vieux peuple qui n’entend pas s’effacer. Quand Bruno Le Maire (UMP) reconnaît, ce jour sur ITélé : « On n’a pas été bons pendant des années et des années. Oui, on n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire baisser le chômage, pour réindustrialiser le pays, pour avoir des médecins de proximité dans les départements (…) », il ne mesure pas davantage l’enjeu culturel qui sera désormais au cœur des élections. Pour avoir déclaré dernièrement : « Je me battrai contre ceux de ma famille politique qui disent que la question identitaire est prioritaire », Le Maire, en dépit de ses autocritiques bien venues, passe à côté de l’essentiel. Car c’est la question identitaire qui est devenue prioritaire.   Ceux qui voient poindre le déferlement d’une « vague brune » sur l’Europe ou crient au « fascisme qui vient », se distribuent des médailles de résistants d’opérette. D’autant que ceux-là s’aveuglent devant le nazislamisme qui est une réelle menace pour les démocraties : c’est d’ailleurs leur collaboration passive avec ce totalitarisme qui est le danger. Rien en revanche n’est plus honorable pour un peuple, malmené par la mondialisation et l’idéologie multiculturelle, que de vouloir défendre sa nation, son identité, sa langue, son mode de vie. Voir dans ce réflexe de la xénophobie revient à désespérer, voire à radicaliser, un électorat préoccupé par son abandon. Comme l’écrit Pierre-André Taguieff dans son dernier essai (2) : « Ce qu’on pourrait appeler l’insécurisation identitaire constitue le principal facteur du vote néopopuliste en Europe ». Pour lui, « nous assistons depuis plusieurs décennies à une revanche du nationalisme. Une revanche susceptible de passer pour une résurrection en ce que la mort ou la fin prochaine du nationalisme avait été annoncée par la plupart des experts, des professionnel de la politique, des intellectuels visibles et des vénérables icônes médiatiques rendant leurs oracles à la demande ».  C’est ce besoin d’enracinement que le PS rend délictueux, tandis qu’une partie de l’UMP reste aussi baignée par l’idéologie du mondialisme antinationaliste ayant fait du déracinement la norme. Or, comme le remarque Taguieff : « Une démocratie forte (…) n’est guère compatible avec une société composée d’individus sans attaches, hypermobiles, insusceptibles d’imaginer et de vouloir un destin commun ». Laisser le FN répondre seul à cette demande est lui assurer sa victoire. C’est aussi ouvrir possiblement la voie à un nationalisme excessif.  (1) Le crépuscule du socialiste, de l’auteur, Edition de Passy (2013) (2) La revanche du nationalisme, néopopulistes et xénophobes à l’assaut de l’Europe,  PUF Je participerai, mardi à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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