« Bye bye Bibi » titrait, mardi, Libération en prédisant, sur la foi des sondages et des commentaires unanimes, une raclée pour Benjamin Netanyahu aux législatives israéliennes. Pas de chance : c’est un triomphe qu’a remporté hier soir, à l’issue du scrutin, le chef du gouvernement, au pouvoir depuis 2009. Son parti, le Likoud, a attiré 23,26 % des suffrages contre 18,73%  pour la liste menée par le dirigeant travailliste, Isaac Herzog.  Alors que la campagne électorale s’était surtout focalisée, dans un premier temps, sur les questions sociales (cherté de la vie, prix des logements, inégalités), c’est la question identitaire, posée in extremis par Netanyahu, qui a fait basculer les pronostics initialement en faveur de la gauche et a mobilisé les électeurs (71,8% de participation). Ces derniers jours, le leader du Likoud n’a eu de cesse, en effet, de se présenter en seul garant de la sécurité et de l’avenir d’Israël, menacé dans son existence et son unité par l’islam radical et anti-juif : un thème qui avait été écarté des premiers débats par une sorte de conformisme pantouflard, également observable en France par exemple. C’est au prix d’un refus catégorique de se retirer de Cisjordanie, de céder un pouce de Jérusalem et de créer un Etat palestinien aux mains des islamistes que « Bibi » à eu raison de son concurrent, leader il est vrai sans relief d’une Union Sioniste aux convictions présumées plus molles. Quelques jours auparavant, il avait  été ovationné au Congrès américain par le camp républicain, pour son discours mettant en garde contre l’Iran des mollahs et le lent basculement diplomatique de Barack H. Obama en leur faveur, dans le dossier du nucléaire. La droite française serait bien inspirée de comprendre le mécanisme de cette victoire inattendue. A tous ceux qui, à l’UMP, persistent à penser confortablement que la crise économique et sociale emporte tout, la campagne identitaire de Netanyahu démontre l’inverse. Quand, par exemple, Laurent Wauquiez déclare ce mercredi, sur RTL, voulant marquer ses « profondes différences » avec Patrick Buisson sur ses thèmes principaux que sont la sécurité et l’immigration : « Je considère que les sujets sociaux sont un des problèmes essentiels de la France aujourd’hui parce qu’on a découragé le travail et qu’on ne fait plus du social mais de l’assistanat », il sous-estime le problème existentiel du « mal vivre ensemble » qui est au coeur des exaspérations populaires. C’est ce sujet, faut-il le répéter ?, qui fait monter le FN, dont les solutions économiques et sociales ne sont en revanche pas sérieuses. L’UMP a évidemment raison quand elle dénonce le « massacre fiscal » des socialistes, quand elle soutient les médecins ou les retraités en colère. Mais les solutions à ces crises sont à portée de main. Et elles ne suffiront pas à guérir la grande dépression qui parcourt la société civile. Le vague à l’âme collectif exige des politiques qu’ils s’emparent notamment du sujet de la résistance que la république doit apporter à l’islam radical, ce nouveau totalitarisme. Sans être, en France, aussi menaçant qu’en Israël, il mérite une fermeté semblable à celle que lui réserve Netanyahu.

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