C’est une histoire de fou. Une histoire française. Voici un éminent spécialiste, Didier Raoult, expert mondial en maladies infectieuses et tropicales, obligé de se battre pour se faire entendre des autorités de son pays. En revanche, les travaux de ce grand chercheur, qui exerce à Marseille, ont déjà réussi à convaincre Donald Trump de l’efficacité de la chloroquine (antipaludéen) dans le traitement du coronavirus Covid-19. « Nous allons pouvoir rendre ce médicament disponible quasi-immédiatement », a déclaré le président américain vendredi. Pour sa part, le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a assuré dimanche vouloir le tester davantage. La France se donne encore quinze jours. Cette prudence à ses raisons. Mais il y a urgence. Les poids du jacobinisme, de la technocratie et du conformisme, ajoutés à des querelles de chapelles incompréhensibles, sont à nouveau en train de nous faire perdre un temps précieux. Après avoir été en retard sur la fermeture des frontières et les confinements, les productions de masques, de tests et de respirateurs, la France risque de l’être aussi dans l’usage du Plaquenil. Il est déjà devenu un produit rare en pharmacie. Or, comme l’assure le professeur Raoult, qui l’a expérimenté avec succès sur ses patients, le Plaquenil est « le traitement le moins cher et le plus simple ». Il fait partie de la stratégie thérapeutique de la Chine et de la Corée du sud, qui ont réussi à maîtriser la pandémie. Alors qu’il était vendu librement en pharmacie depuis des lustres, ce produit courant a été de surcroit classé le 13 novembre dernier parmi les « substances vénéneuses » – c’est-à-dire nécessitant une ordonnance médicale – par un décret du ministre de la Santé, Agnès Buzin, alors que l’épidémie se propageait. Dans cette affaire, Kafka n’est pas loin. En réalité, le professeur Raoult paye-là son anticonformisme, son provincialisme et sans doute des règlements de compte plus personnels. Paris lui réserve la même morgue que pour les premiers Gilets jaunes déboulant de la France oubliée. Ceux-ci étaient vus comme des ploucs. Lui est considéré comme un rigolo par l’establishment médical. L’ancien directeur de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) l’avait notamment pris dans le nez, dit-on : il s’agissait d’Yves Lévy, mari d’Agnès Buzyn. Il est également reproché à Raoult d’être opposé au confinement généralisé et de critiquer la surmédiatisation du virus « sur des bases non scientifiques ». Ses doutes sur le réchauffement climatique, émis en 2013, n’ont pas arrangé son image auprès des faiseurs d’opinion. Récemment, Le Monde a, un temps, qualifié de « fake news » partielles sa promotion, le 25 février, de la chloroquine comme remède efficace. Les médias nationaux gardent leur « distanciation sociale » face à ce savant excentrique à l’allure de barde breton ou de prophète. « Ce n’est pas parce qu’on n’habite pas à l’intérieur du périphérique parisien qu’on ne fait pas de la science », répond Raoult à ses détracteurs, ce lundi au Parisien. Pour lui, « ce pays est devenu Versailles au XVIII e siècle ». Les Marseillais, en tout cas, ont déjà plébiscité la forte tête, soutenue par les réseaux sociaux. Dimanche, lui et son équipe ont décidé de se passer des préliminaires officiels. Ils écrivent : « Nous pensons qu’il n’est pas moral que cette association ( hydroxychloroquine et azithromycine) ne soit pas inclue (sic) systématiquement dans les essais thérapeutiques ». Bref, Raoult a décidé de se passer du feu vert de l’Etat. A la guerre comme à la guerre ! Je participerai, ce lundi, à L’heure des pros 2 sur CNews (20h-21h)

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex