Le confinement, qui se lève timidement ce lundi, a fait l’effet d’une grande marée basse : toutes les réalités enfouies y apparaissent dans leur dénuement. La visite des ruines va rester ouverte pendant des mois. La débâcle face au Covid-19 laisse déjà voir l’état réel du système sanitaire, longtemps présenté comme exemplaire par la propagande d’Etat. Jusqu’en 1940, les superlatifs ne manquaient pas, non plus, pour saluer le remarquable réarmement de la France, avant qu’elle ne capitule sous la bourrasque allemande. Dans les deux cas, le poids des habitudes, la pesanteur bureaucratique, le manque d’inventivité auront été à la source des humiliations. Dans les deux cas, le monde politique se sera montré dans ses faiblesses, ses incompétences, ses grands mots vides. Les sondés ne s’y trompent pas, quand ils jugent sévèrement le gouvernement : 65% ne lui font pas confiance. Il est vrai que ce sentiment est partagé : jamais la macronie n’a osé s’en remettre au bon sens et à la responsabilité des citoyens. Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, l’a avoué malgré elle, dimanche sur BFM : « Je crois que nous pouvons faire confiance (aux Français) et ne pas être systématiquement dans l’infantilisation (…) ». Systématiquement, oui, les Français ont été infantilisés. Dans cette crise sanitaire, aucune personnalité politique n’a émergé. Emmanuel Macron s’est révélé pour ce qu’il est : un leader de théâtre, une figure composée jouant Jeanne d’Arc, Bonaparte ou Clémenceau sans réussir à être pris au sérieux. Ses exaltations sont régulièrement tombées à plat, qu’il déclame : « Nous sommes en guerre ! », ou qu’il appelle à apprendre à se « réinventer », à « enfourcher le tigre » ou à faire « un été apprenant et culturel ». La seule figure qui est ressortie de ce chaos est celle du professeur Didier Raoult, à qui les pisse-froid reprochent de ne pas jouer le jeu du béni-ouiouisme et de la modestie face à la caste. S’il a été reconnu par la France d’en bas comme l’un des siens, c’est parce qu’il est monté au front, avec ses vieux médicaments et son système D, sans attendre les ordres des appareils d’Etat, des comités Théodule, des planqués administratifs. En fait, les grands vainqueurs de ce sombre épisode sont les médecins et les aides soignants, les maires et les bénévoles, et tout le petit peuple mobilisé en première ligne pour faire tourner la France. Ils ont sauvé l’Etat et ses incapables heureux : s’en souvenir pour « le monde d’après ». Je participerai, ce lundi, à L’heure des pros 2, sur CNews (20h10-21h) Mon intervention, ce mardi, sur RéacNRoll
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