Christiane Taubira est devenue, ce mercredi matin, la Madone de la gauche défunte. En choisissant de claquer la porte, l’ex-garde des Sceaux a jeté la malédiction sur le gouvernement apostat, accusé en creux d’avoir renié le socialisme et ses valeurs. La haute idée qu’elle a d’elle-même, ajoutée à ses goûts pour la théâtralisation et l’enflure du verbe, vont sans doute l’inciter à dramatiser davantage son geste, unanimement salué par les nostalgiques du progressisme. Elle a déjà tweeté : « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit ». Jamais, sans doute, une telle personnalité du camp du Bien n’aura incarné à ce point le sentiment de supériorité morale et intellectuelle qui a permis aux donneurs de leçons de dominer la pensée depuis quarante ans et plus. Déjà dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand s’agaçait de Fouché, qu’il présentait ainsi : « Bavard, ainsi que tous les révolutionnaires, battant l’air de phrases vides, il débitait un ramas de lieux communs farcis de destin, de nécessité, de droit des choses, mêlant à ce non-sens philosophique, des non-sens sur le progrès et la marche de la société, d’impudentes maximes au profit du fort contre le faible (…) ». Néanmoins, il est peu probable que les prêches de Christiane Taubira, au lyrisme ampoulé, franchissent la petite histoire. Son départ enterre en fait un monde révolu. Il faut remercier François Hollande d’avoir accéléré la disparition du socialisme, en ayant fait la démonstration de son inefficacité en tout. Il faut le remercier aussi d’avoir fait une croix, avec la démission du ministre de la Justice, sur ce qui restait d’utopies sur un monde melliflu. La droite avait violemment reproché à Taubira, avec son combat gagné sur le mariage homosexuel, son acharnement à vouloir déconstruire la famille et ses filiations naturelles. Mais c’est le hollandisme, converti en urgence au libéralisme et aux impératifs sécuritaires, qui a jeté les dernières pelletées de terre sur les illusions. Taubira, emblème de la diversité sans-frontière et de la culpabilisation de l’homme Blanc, quitte le gouvernement pour ne pas cautionner la déchéance de nationalité, présentée ce mercredi par Manuel Valls devant la commission des lois, mais aussi la loi sur le renseignement et l’ensemble des mesures qui s’imposent à un gouvernement responsable en temps de guerre. A juste titre, elle ne reconnaît plus sa gauche rêvée dans ce pouvoir acculé au réalisme et aux résultats. Pour le gouvernement, sa démission est une utile clarification. D’elle, il n’a plus à redouter que les envolées d’un dernier tour de piste. A moins de lui offrir une sinécure, comme une offrande. Je participerai, ce mercredi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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