Vincent Peillon, ministre de l’Education, se trompe de priorités quand il croit urgent de réformer une énième fois les rythmes scolaires et quand il lance, dimanche, son projet de réduire à six semaines au lieu de huit les vacances d’été. Cette façon d’exhumer des serpents de mer, le plus souvent sans concertations préalables, fait ressortir l’absence de réflexions originales sur les vrais maux dont souffre l’Ecole. La perte d’autorité, la violence, la crise de la transmission ne sont pas les moindres. Avant de savoir s’il serait bon ou non pour les élèves de travailler quatre jours et demi plutôt que quatre et avant de prendre le risque d’exaspérer un peu plus les enseignants en raccourcissant des congés, qu’attend Peillon pour remettre prioritairement l’Education nationale sur ses pieds ? Il est vrai que cet impératif est autrement plus complexe et qu’il ne peut se contenter d’effets d’annonce. A observer les frasques, les anomalies, les dérèglements que collectionne de l’Ecole publique, revient pourtant ce même sentiment d’être confronté, chez elle, à une confusion mentale qui ne sait plus faire la différence entre le maître et l’élève, l’autorisé et l’interdit, le mérite et l’indu, la récompense et la sanction, etc. Un monde injuste s’est installé dans cette Ecole à l’abandon, perméable à la loi du plus fort, du plus sot, du plus inculte. Elle est devenue une insulte à la République et à ses valeurs humanistes.On apprend ce lundi qu’un élève de 11 ans du collège Stendhal de Grenoble a été contraint de quitter son établissement après avoir subi des agressions d’un  camarade de classe. Hugo raconte ce qu’il a subi, notamment, le 25 janvier dans l’enceinte du collège : « Avec ses mains, il m’a serré au niveau de la trachée-artère. Il m’étranglait, je ne pouvais plus respirer. Je me suis évanoui. Il m’a donné des coups de poing et jeté dans les escaliers. J’aurais pu mourir ». Le rapport du médecin note, selon Le Parisien : « Traumatisme crânien avec perte de connaissance suite à une tentative de strangulation suivie d’une chute dans les escaliers ». Ses parents portent plainte et attendent une sanction de l’agresseur. Or, le 18 février, le conseil de discipline, soucieux de donner une seconde chance à la brute, a prononcé à son encontre une « exclusion définitive avec sursis ». « Il n’a même pas eu une heure de colle », fait remarquer la mère d’Hugo, en pleurs ce lundi sur les radios. Les parents de la victime ont choisi de changer leur enfant d’établissement afin qu’il ne croise plus son bourreau. Ce monde à l’envers avait dernièrement poussé Mattéo, 13 ans, à se pendre dans sa chambre car il était persécuté au collège parce qu’il était roux. Là encore, une Ecole aboulique avait laissé faire, en dépit des alertes des parents. C’est ce désastre qui devrait mobiliser Peillon.

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