Eric Dupond-Moretti est une aubaine pour Marine Le Pen. Le garde des Sceaux symbolise, à lui seul, l’anachronique complexe de supériorité morale qui se retrouve chez beaucoup de dirigeants hors-sol. Or ce travers égotique rend les « élites » imbuvables pour ceux qui doivent supporter leurs prêches. Tout ce qui est devenu odieux aux yeux des sermonnés – l’auto-contentement du donneur de leçons, son aveuglement sur les réalités, sa diabolisation de l’adversaire – est représenté jusqu’à la caricature par le ministre de la Justice et ses indignations de salonnard. Il semble vivre sur une autre planète. Dimanche, piqué au vif par les critiques que venait de lui adresser la présidente du RN à Fréjus, (« Dupond-Moretti, c’est Taubira en pire »), l’ancien ténor du barreau a répliqué par tweet : « Mme Le Pen ment énormément et je le prouverais aux Français. Des mots de plus en plus forts et des idées de plus en plus populistes. Près de 40 ans après son abolition, elle reparle de la peine de mort. Marine Le Pen, c’est son père en pire. Rien de neuf sous le soleil de Fréjus ». Dupond-Moretti, alors brillant avocat, avait souhaité en 2015 l’interdiction du FN. A l’entendre aujourd’hui, l’orgueil blessé, on songe à Bertold Brecht : « Ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? ». Alors que le mur des idéologies s’écroule sous le poids de leurs mensonges, Dupond-Moretti persiste à ne pas comprendre l’exigence de vérité qui gagne l’opinion. Sa haine irréfléchie du populisme – posture que même Emmanuel Macron semble vouloir atténuer – le place dans un rôle loufoque de mandarin claquemuré dans sa Cité interdite. Le mot « ensauvagement », qu’il a critiqué mardi, est jugé justifié par 70% des Français (sondage Ifop diffusé ce lundi). Sa négation d’une augmentation des violences est contredite par les chiffres. Le Figaro publie ce lundi un dossier accablant sur les actes de violence gratuite qui ont explosé en vingt ans. Selon Patrice Ribeiro, secrétaire-général de Synergie-Officiers, « Darmanin , l’élu de terrain (NDLR : ministre de l’Intérieur), est dans la reconnaissance du réel et Dupond-Moretti, l’avocat multimillionnaire, est dans le déni, l’aveuglement idéologique et loin de la réalité des gens ». Celui qui prétend s’adresser « à l’intelligence des gens » et représenter la « nuance » se comporte comme un apparatchik. Son rôle semble tellement contreproductif, surtout à l’heure où Macron promet de se « réinventer », que son maintien à la tête de la Justice, rendue au nom du peuple français, est une question qui doit être posée. Le maillon faible tiendra-t-il jusqu’au bout ? Je participerai, ce lundi, à L’heure des pros 2 sur CNews (20h-21h) Je participerai, mardi, à L’heure des pros 2, sur CNews (20h-21h)
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