Emmanuel Macron et François Fillon, qui cherchent à s’échapper du Système, ont en commun d’avoir des amis collants. Les voilà, ces berniques, qui s’accrochent aux basques de l’un et de l’autre. Les barons socialistes, par exemple : ils reprochent à Fillon de ne pas avoir respecté son engagement à renoncer à sa candidature, en cas de mise en examen. Mais ces donneurs de leçons trahissent tout autant leur parole : ils renient ces jours-ci leur solidarité avec Benoît Hamon, vainqueur de la primaire du PS, pour rejoindre le leader d’En Marche ! Les hiérarques Républicains ne sont pas plus fiables : après avoir échoué dans leur tentative de destitution de celui qui a été plébiscité par la primaire de la droite, ils reviennent au bercail en osant poser leurs conditions. Ces socialistes perdus et ces LR et UDI en quête d’avenir sont des boulets pour Macron et Fillon. Il est probable que le premier, novice en politique, ne puisse néanmoins se passer de cette force d’appoint qui rehausse apparemment sa stature. En revanche, Fillon n’a rien à gagner à renouer avec les faux frères et les faux alliés qui ont voulu le dégager au profit d’Alain Juppé. Un traitre ou un fuyard restera toujours un traitre ou un fuyard. Or le candidat de la droite donne actuellement des signes d’accommodements avec le conformisme qu’il dénonce. « J’invite solennellement et amicalement nos partenaires centristes à rejoindre ma campagne », a-t-il ainsi déclaré mardi soir à Orléans. Cette génuflexion contredit sa posture d’insoumis. C’est elle qui a été applaudie par la foule du Trocadéro.
Fillon, si mal en peine, ne peut espérer gagner en mai qu’en s’émancipant une fois pour toute d’un parti sclérosé et habité de courants irréconciliables. Jean-Louis Borloo a raison de prédire une rupture entre le centre et la droite. Elle est souhaitée, sur ce blog, depuis longtemps déjà. La place de l’UDI et de nombreux juppéistes est avec Macron, qui incarne le nouveau centrisme. François Bayrou l’a bien compris. Jean-Pierre Raffarin (LR), lui, refuse de constater la recomposition en cours de la droite. Ce mercredi, sur Europe 1, il a conseillé à Fillon d’ »écarter tout risque de proximité avec le FN », en appelant paradoxalement à « respecter la diversité ». Mais il faut ouvrir les yeux : une partie de l’électorat de Fillon cousine avec celui de Marine Le Pen, en tout cas sur les grandes questions sociétales liées à l’immigration et à l’islam politique. Inviter Fillon à se démarquer du FN revient à l’inciter à abandonner ces thèmes, qui sont au centre des préoccupations des gens. Cette stratégie politiquement correcte assure de la défaite. Pourtant, Fillon tombe lui-même dans la facilité quand il déclare, dimanche soir sur France 2 : « Ma principale adversaire, c’est Madame Le Pen, qui s’approche du pouvoir ». Son électorat est loin d’en être convaincu. Non, le premier adversaire de Fillon reste Macron, qui peut lui ravir la deuxième place au second tour. Si le candidat LR renoue avec ceux qui lui conseillent de raser les murs, il laissera à Le Pen, seule, le soin de rebâtir la droite.
PS : Bonne nouvelle : l’historien de la Shoah, Georges Bensoussan, a été relaxé mardi par le tribunal correctionnel de Paris. Il était poursuivi par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui mène une sorte de djihad judiciaire. Il a été cautionné, dans cette affaire, par la Licra, SOS Racisme, le Mrap et la Ligue des droits de l’homme, qui s’étaient joints à la procédure. Le CCIF a évidemment fait appel.

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