Est-ce la fin de la sacralisation de l’immigration à gauche ? Les postures humanistes sont encore bien ancrées chez les progressistes. Mais elles sont désormais ouvertement contestées par l’égérie de la gauche radicale allemande, Sahra Wagenknecht, présidente du groupe Die Linke au Bundestag. Mardi, elle a lancé son propre mouvement, « Debout » (« Aufstehen »), qui se propose de répondre aux demandes de protection d’un électorat populaire qui se tourne massivement vers la droite radicale. « Je ne veux pas laisser la rue au mouvement (anti-islam) Pegida ou à l’extrême droite », a-t-elle expliqué hier en estimant que ceux qui protestent « se sentent laissés pour compte » (Le Figaro de ce mercredi). Pour elle, les électeurs de l’afD, ce mouvement populiste qui prend de l’envergure, « ne sont pas tous des nazis (…) Il y a parmi les gens qui votent actuellement afD des personnes en colère qui se sentent abandonnées ». Partant de cette analyse, Sahra Wagenknecht appelle à en finir avec « la bonne conscience de gauche sur la politique de l’accueil » promue par des responsables « vivant loin des familles modestes qui se battent pour défendre leur part du gâteau ». Elle ajoute : « Une frontière ouverte à tous, c’est naïf. Ce n’est surtout pas une politique de gauche », car elle estime que les milliards dépensés par Angela Merkel pour accueillir plus d’un million de migrants en 2015 « auraient permis d’aider beaucoup plus de nécessiteux en Allemagne ». Difficile de contester ce bon sens, même s’il faut faire confiance à la gauche européenne pour s’accrocher à ses tabous.
Reste que Jean-Luc Mélenchon ne semble guère éloigné de Sahra Wagenknecht. A Marseille, récemment, ses propos ont laissé voir une inflexion : « Oui il y a des vagues migratoires (…) Elles posent de nombreux problèmes quand certains s’en servent pour faire du profit sur le dos des malheureux (…) Nous disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux ». Dans une lettre publiée dans L’Humanité le 7 janvier 1981, Georges Marchais, secrétaire général du PCF, avait déjà tenu un tel raisonnement : « Dans la crise actuelle, l’immigration constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d’aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage ». Cette quête de l’électorat ouvrier par une gauche jusqu’alors prolophobe, si elle se confirme, pourrait bouleverser le paysage politique en affaiblissant le Rassemblement national. Au premier tour de la présidentielle de 2017, 37% du vote ouvrier s’était porté sur Marine Le Pen. La gauche française, adepte de la position de l’autruche, est-elle prête à entendre prioritairement les Français plutôt que les immigrés ? Mardi, la gauche anglaise a dû admettre que son discours islamo-gauchiste avait généré des propos antisémites dans les rangs. Fin d’une époque ?
Je participerai, ce mercredi, au Club Pujadas sur LCI (18h-19h30)
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