« Un an après, l’assassin court toujours » titre, ce mercredi, Charlie-Hebdo. Le dessin de Une représente un Dieu barbu et européanisé qui fuit tel un homme traqué, le crâne surmonté d’un symbole trinitaire ou franc-maçon. Il a une kalachnikov dans le dos, des sandales aux pieds, des taches de sang sur sa bure. Ce message relève de l’autocensure. Il s’applique, en effet, à ne pas nommer clairement les fanatiques islamistes qui ont décimé la rédaction le 7  janvier 2015, au nom du Coran et de Mahomet. La pirouette anticléricale permet au journal satirique de sauver la face, en apparence. En réalité, c’est bien un renoncement à critiquer une idéologie totalitaire portée exclusivement par l’islam apocalyptique qui est avalisé par l’hebdomadaire. La peur de la rédaction survivante est humaine et parfaitement compréhensible. Ce qui est plus critiquable est de ne pas oser assumer ce traumatisme, et de se laisser aller à l’amalgame facile que les belles âmes interdisent dès qu’il s’agit de l’islam. Il est vrai que les chrétiens ou les juifs, n’iront pas poser de bombes ni semer la désolation pour punir d’un dessin à leurs yeux possiblement blasphématoire. Pour autant, faut-il rappeler à ceux de Charlie le sort des Chrétiens d’Orient, persécutés par le salafisme ? Ce ne sont pas les religions qui assassinent, mais les hommes embrigadés par des doctrines. L’honneur d’une démocratie devrait être de ne pas baisser l’échine. Charlie, meurtri et épuisé, a renoncé à une résistance qu’il ne pouvait en effet continuer à assumer seul. Le scandale est que la relève ne vient pas. La République, qui se rengorge de ses valeurs, n’est pas à la hauteur des dangers qui la menacent.   Même la plaque apposée sur les lieux de la tragédie, dévoilée mardi par France Hollande, ne dit rien du profil des assassins, alors que la désignation des nazis se retrouve fréquemment sur les lieux d’exécutions de résistants, dans les rues de Paris. « A la mémoire des victimes de l’attaque terroriste contre la liberté d’expression (…) », dit prudemment le texte. Parler de terrorisme islamiste contre la démocratie aurait été pourtant plus proche de la réalité. Mais l’euphémisme est la norme du langage officiel. C’est cette novlangue que s’est approprié Charlie-Hebdo dans son dessin, qui signe la fin de l’impertinence pour tous. L’objectif est de faire en sorte que jamais n’apparaisse la responsabilité de l’islam radical dans la guerre qu’il a déclarée au monde libre, y compris sur le sol national. Le terme même de guerre est d’ailleurs contesté par les dénégationnistes professionnels, et même chez ceux qui à gauche demandent néanmoins la déchéance de nationalité pour des Français qui prennent les armes contre leur propre pays. En réalité, c’est moins l’islam politique qui s’avère être le vrai danger pour la France, que l’incapacité des « élites » à sortir de leur lâche somnolence. Plutôt que d’accuser Dieu, en reconnaissant ainsi son existence, Charlie ferait mieux de s’en prendre aux autruches des états-majors politiques et aux perroquets des salles de rédaction. Cette basse-cour républicaine est prête, au nom de la concorde, à se soumettre à un islam rétrograde que beaucoup de musulmans ont choisi de fuir en rejoignant la France des Lumières. Mais, au fait, où est-elle passée ?

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