L’islam est la ligne de fracture qui fragilise déjà, comme prévu, Les Républicains. L’appellation est si vide de sens qu’elle permet de faire cohabiter deux visions contradictoires de la nation : celle qui garde l’assimilation pour objectif afin de maintenir une homogénéité de valeurs; celle qui renonce à cette tradition au profit d’une nouvelle société multiculturelle. Nicolas Sarkozy semble s’être converti à la première réponse, après avoir porté aux nues la « diversité », qu’il voulut même un temps inscrire dans la Constitution. Alain Juppé a fait, lui, le choix  de l’abandon de cet objectif, au profit  d’une cohabitation des cultures construites sur la négociation et les « accommodements raisonnables », un terme qu’il a repris à son compte, samedi, dans un entretien au Figaro. Selon lui, « l’idée d’assimiler les gens, d’effacer les différences, n’a pas de sens.  Ni sur le plan moral, ni sur le plan du réalisme. Je préfère parler d’intégration. » Dans cette logique, Juppé explique : « Arrêtons de nous focaliser sur le foulard ! ». Il demeure un des rares hommes politiques à utiliser encore l’accusation d’islamophobie, ce terme dont les islamistes aimeraient faire un délit. Nathalie Kosciusko-Morizet ne semble guère éloignée de cette ligne accommodante quand elle se flatte (JDD, 24 mai) d’avoir fait reculer Sarkozy sur son idée d’organiser  la première convention des Républicains sur l’islam. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de se déclarer « concernée »  par le massacre des chrétiens d’Orient : « Ce front est le nôtre ». Si Bruno Le Maire, pour sa part, évite carrément le sujet, sa démarche est semblable à celles de Juppé et de NKM : ne pas froisser l’électorat musulman, qu’ils considèrent apparemment comme acquis à la solution du multiculturalisme. Ce choix de société, essentiel pour l’avenir de la France, reste à trancher pour Les Républicains, s’ils veulent paraître crédibles. La fuite en avant, qui est celle de NKM ou de Le Maire quand ce dernier juge non prioritaire la question identitaire, est une lâcheté d’autant moins pardonnable que la société civile attend des réponses à ses craintes existentielles. De surcroît, la montée de l’islamisme au sein d’une partie, minoritaire, de la communauté musulmane tire évidemment profit des regards qui persistent à se détourner des communautarismes. Jeannette Bougrab, qui se présente comme « femme arabe et musulmane », n’est guère entendue quand elle met en garde (FigaroVox, 24 mai) : « Depuis les années 80, la France sous-estime la montée et la radicalisation de l’islam (…) Lorsque nous allons enfin nous réveiller, il sera trop tard ». Beaucoup de Français musulmans ont, comme elle, pris naturellement leur place dans la société, sans réclamer pour autant leur « visibilité » religieuse ou culturelle. L’importante communauté kabyle n’est d’ailleurs pas assez encouragée, ni par les politiques ni par les médias, dans ses soutiens à la laïcité et à la démocratie. De nombreux exemples montrent que ces Français musulmans ont évidemment toute leur place, à condition de vouloir la prendre. Mais ce n’est pas à la république, contrairement à ce qu’affirme Juppé, de s’intégrer à un islam politique qui ne conçoit les rapports sociaux que dans la perspective d’une soumission. Cette divergence fondamentale doit être débattue en urgence par l’opposition, car tout son programme politique en dépend. Si une synthèse devait s’avérer impossible, la rupture serait plus claire. Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp sur LCI (10h10-11h)

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