Ne pas se tromper d’ennemi intérieur. A écouter la droite et la gauche, qui partent en guerre au même pas cadencé, le pays serait menacé par le Front national. « Il n’aime pas la France », assure régulièrement Manuel Valls. Christian Estrosi (Les Républicains) est entré en « résistance », tandis que la mobilisation générale a été déclarée pour faire barrage, dimanche, aux six candidats régionaux du parti de Marine Le Pen. Mais c’est une armée d’autruches qui se met en branle, au risque d’accentuer la dynamique dont profite le FN. Entendre Marine Le Pen dénoncer, ce mercredi sur Europe 1, « l’ultra libéralisme horrible » de son concurrent dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand, fait certes mesurer l’absurdité de sa vision étatique de l’économie, ringardisée par la révolution numérique. Pour autant, le bellicisme hystérique de ses adversaires est déplacé, alors qu’un authentique danger harcèle la démocratie avec le totalitarisme salafiste. C’est contre lui que devraient converger les assauts, et non contre celle qui entend « lutter contre le fondamentalisme islamiste ». Il n’est pas de meilleur moyen de laisser en paix la « peste verte » que de laisser croire  en une « peste brune ». Les partis à la ramasse vont-ils aussi laisser au FN l’exclusivité de la résistance à l’islamo-fascisme, qui a lancé une fatwa sur la France? Voudraient-ils jeter dans le bras de Marine Le Pen ceux qui s’inquiètent de cette présence, ils ne s’y prendraient pas autrement. Rares sont les politiques qui ont pris la mesure du vrai danger, ce qui en dit long de l’état d’abrutissement du Système à bout de souffle. Le député communiste André Gerin est heureusement de ceux-là. Il vient d’adresser un courrier au secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, pour le mettre en garde contre sa réaction publiée après les attentats du 13 novembre. Il avait notamment dit : « Nous récusons la notion « d’ennemi intérieur » ». Gerin estime notamment qu’il « est plus que jamais nécessaire de clarifier les positions du PCF, notamment à propos du racisme anti-blanc et anti-France dont on ne parle jamais (…) « . Pour lui : « Une partie des musulmans s’est radicalisée au rythme d’un communautarisme exacerbé par l’abandon de l’Etat (…) ». Il estime : « L’islamisation radicale des jeunes générations est en marche (…) Le salafisme joue un rôle important  quant à la surveillance des tenues vestimentaires et de la séparation rigoureuse de l’homme et de la femme ». Pour l’ancien maire de Vénissieux, « tous les ingrédients d’une guerre civile sont réunis, or nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg ». Il ajoute à destination de ses camarades : « Pour ce qui me concerne, il est clair que l’ennemi intérieur est islamiste ». Avoir à rappeler de telles évidences à un monde politique qui a la tête dans le sable explique évidemment le succès du FN. Je participerai, ce mercredi, à On va plus loin, sur Public Sénat (22h30-23h)

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