Il ne fait pas bon être un « lanceur d’alerte », aux
Etats-Unis ou en France. L’américain Ed
Snowden, qui a révélé le programme de surveillance généralisée des conversations
téléphoniques et des messages internet de l’administration Obama, a dû se réfugier
à Hong-Kong. Ces pratiques de la CIA et de l’Agence américaine de sécurité
nationale (NSA) seraient justifiées par la lutte anti-terroriste. Il n’empêche qu’elles
s’ajoutent aux récentes écoutes avalisées par la Maison Blanche contre
plus de cent journalistes de l’agence Associated Press et à l’utilisation des
services fiscaux contre des adversaires politiques. L’irréprochable Barack Obama, louangé
par les médias, révèle une nature qui le rapproche de plus en plus de Richard
Nixon. Mais passons…pour remarquer qu’en France aussi, il est risqué de dénoncer
des vérités qui dérangent. C’est ainsi que Clément Weill-Raynal, le journaliste
de FR3 qui a révélé l’existence du « Mur des cons » abrité par le
Syndicat de la magistrature, vient d’être sanctionné pour cela par sa direction. Il a
écopé, mardi, d’ »une semaine de mise à pied disciplinaire avec privation de
la totalité du salaire », à partir du 12 juin. Weil-Raynal, qui a été accusé
par le Syndicat national des journalistes (SNJ-CGT), se voit encore ridiculiser
ce mercredi dans un écho de Libération (« Clément Weill-Raynal passe le mur
du çon »). Ces confrères, qui lui reprochent d’avoir violé l’omerta sur le
militantisme judiciaire, sont de bons
chiens de garde.
La punition qui frappe Weill-Raynal est évidemment
scandaleuse. « C’est une sanction injuste prise pour des motifs politiques », estime-t-il avec raison. Sa mise à pied, pour avoir révélé la partialité de
certains juges, porte atteinte à la mission du journaliste. Celle-ci consiste notamment
à mettre au jour, de bonne foi et de manière désintéressée, des éléments pouvant
porter atteinte au bon déroulement de la démocratie. Il est contradictoire de lui
reprocher d’avoir « volé » des images dans un local syndical, et d’applaudir
aux méthodes de Médiapart, qui ne s’embarrasse pas de déontologie. Cette
injustice indiffère la profession, puisque Weill-Raynal est étiqueté à droite
(une anomalie dans l’audiovisuel public). Elle devrait pourtant être l’occasion
de réfléchir à l’extension de la protection juridique du « lanceur d’alerte », notamment contre sa hiérarchie. La législation française accorde déjà cette
protection dans les domaines sanitaires et environnementaux. Mais les atteintes à la justice et aux
libertés mériteraient de semblables vigilances. Les hommes politiques auront-ils
le courage que n’ont pas les journalistes pour défendre un sonneur de tocsin ?
NB : Je remercie chaleureusement tous ceux qui, indignés
par les méthodes du Collectif contre l’islamophobie en France, m’ont apporté
leur soutien, suite à mon blog de lundi. Ma convocation par la PJ est prévue
pour la mi-juillet. Il va de soi que je vous tiendrais au courant s’il devait y
avoir des suites à cette grossière tentative d’intimidation.
Je participerai, jeudi, à On refait le monde, sur RTL
(19h15-20h)

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex