Le cordon sanitaire, qui isole encore le Rassemblement national, ne tient plus qu’à un fil. Et c’est Emmanuel Macron qui est en train de favoriser une possible coalition des souverainistes. En effet, tout à son objectif de faire de La République en marche un grand parti unique, le chef de l’Etat rend d’autant plus urgent la constitution d’une force d’équilibre et d’alternance. Quand le macroniste Gilles Boyer explique, vendredi (pour s’en excuser samedi), que tout maire qui serait élu « sans l’appui de LREM et du Modem serait un ennemi du président », ce proche du pouvoir confirme la pente despotique de la macrocrature, pour qui la démocratie doit être préservée du peuple indocile. Pas étonnant, dans cette perspective d’asséchement de l’opposition, de lire dimanche comme gros titre du JJD, journal plus dévoué que jamais à Macron : « Son plan pour achever la droite ». Cette volonté de faire place nette, en dépit de la subtile fragmentation de la société et de son électorat, procède d’une brutalité incongrue. Elle exprime l’autoritarisme du président et sa conviction d’incarner Le Bien. Macron a certes réussi l’exploit de pulvériser les vieux partis, et dernièrement Les Républicains. Mais en faisant des souverainistes (également appelés nationalistes ou populistes) l’ennemi à abattre, il les invite à se serrer les coudes : un jeu dangereux pour lui, dans la mesure où le RN recentré est de moins en moins considéré comme un repoussoir. Pour 51% des Français, Marine Le Pen incarne bien la droite. En annonçant sa démission de la présidence LR, dimanche soir sur TF1, Laurent Wauquiez a pris acte de l’effondrement de son parti aux européennes (8,48% pour François-Xavier Bellamy) et du manque de cohérence du mouvement. Mais la collégialité que propose Eric Woerth pour l’intérim ne servira à rien tant que ce parti ne se mettra pas à l’écoute des Français. Quand Woerth dit, ce lundi matin sur RTL, qu’il veut « participer au renouvellement des idées » en appelant à une alliance « de la droite et du centre », il recycle la recette de la défaite. Le centre a rejoint LREM. Les Républicains sont trop faibles et asservis aux idées fixes pour prétendre aimanter un électorat sensible aux questions identitaires mais aussi économiques et sociales. Le hasard a voulu que, une heure avant l’annonce de la « prise de recul » de Wauquiez, Marion Maréchal venait de se dire, sur LCI, « interpellée » par « l’état de mon pays ». Elle n’a pas caché ses convergences avec Bellamy. En défendant le conservatisme (défini comme l’union de la « liberté d’entreprendre et de la France éternelle »), le libéralisme (baisse des impôts et des charges) et le protectionnisme européen, Marion Maréchal s’est positionnée comme possible trait d’union entre LR et le RN. Son appel à « un grand compromis patriotique » peut contribuer à faire sauter les ultimes interdits sur une union de droites. Seuls les états-majors respectifs risquent d’être les obstacles. A la société civile de se faire entendre ! Je participerai, ce lundi, à BFM Story (18h40-19h), puis au Grand dossier, sur LCI (20h-22h30) Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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