Manuel Valls saura-t-il se libérer des boulets socialistes? En présentant, ce lundi matin, la démission de son gouvernement à François Hollande, le premier ministre s’est clairement désolidarisé de ceux qui, Arnaud Montebourg en tête, défendent un retour aux sources du dogme, en croyant séduire l’électorat populaire. La rapidité avec laquelle l’Elysée a rappelé le « consensus absolu » avec Matignon n’atténue pas le coup de force de Valls : il a bel et bien tiré un trait sur la recherche de l’apaisement et de la synthèse, ces traits du hollandisme. Ce matin, sur Europe 1, Montebourg en était encore à se présenter comme l’alternative pour un pouvoir incapable de corriger ses erreurs économiques. Moins d’une heure après, il avait sa réponse. Son désaveu pourrait s’accompagner, en toute logique, de ceux de ses soutiens gouvernementaux (notamment : Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Christiane Taubira). Plus généralement, c’est le parti socialiste lui-même, historiquement partagé entre dogmatiques et réalistes, cigales et fourmis, qui se trouve sommé par Valls de se convertir au désendettement public et au social-libéralisme, au risque d’exploser et de se saborder. Ce coup de poker, qui fractionne un peu plus un parti taraudé par les « frondeurs », installe Valls dans son rôle de réformateur. Il n’est pas dit pour autant que le nouveau gouvernement, connu mardi, obtienne la confiance de son camp éclaté. La dissolution pourrait être la prochaine étape.Il ne peut être fait reproche au premier ministre de vouloir consolider la cohérence d’une politique qui n’en a pas. Il est d’ailleurs ahurissant d’observer Cécile Duflot, qui a mis à genoux le secteur de l’immobilier par sa réforme dirigiste, donner des leçons de gestion au gouvernement auquel elle a participé. Il n’en reste pas moins que la fragilité de l’exécutif, qui vole partiellement en éclat par le simple effet d’une insolence du ministre de l’Economie, est liée aux mensonges initiaux du président de la République sur les responsabilités de la finance, de l’Europe, de l’Allemagne, etc., dans les maux dont souffre la France. Comme l’a dit François Bayrou, dimanche sur RTL-LCI : « Les problèmes ne viennent pas de l’extérieur, mais de chez nous ». Valls a l’opportunité, dans la formation de son équipe, de confirmer son émancipation d’un PS immobile et anachronique. L’échec avéré des partis traditionnels – PS et UMP se partageant le palmarès – ouvre la voie aux coalitions et autres unions transpartisanes. Alain Juppé, dans un entretien à la Revue civique, s’interroge, parlant de la déroute du socialisme français : « Est-ce qu’il est capable de se rénover, de trouver avec une partie de la droite actuelle une base éventuelle de travail, entre le social-libéralisme et la social-démocratie ? ». Bayrou est sur cette même ligne. Le temps de la refondation du monde politique est venu. Valls osera-t-il jouer cette carte? NB : Je remercie tous ceux qui ont participé à l’autogestion de ce blog durant mon absence estivale. En additionnant le nombre de commentaires postés depuis le 19 juillet (2000+3500) j’obtiens une moyenne de 157 commentaires par jour…Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp, sur LCI (10h10-11h)
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