« Dire la vérité aux Français » : il n’est plus un homme politique qui ne se plie à cette figure de style. Pour n’en rien faire ensuite, une fois la formule prononcée. Manuel Valls, citant Mendès-France, n’a pas fait exception, mardi.  Il s’est, certes, dégagé du discours obligé en reconnaissant : « La crise économique et sociale n’explique pas tout ; il y a aussi une crise civique, une crise d’identité ». Cette crise d’identité, sur laquelle ce blog ne cesse d’alerter, est le plus généralement contestée (« fantasme ! ») par les perroquets dressés par le Système. Il faut également reconnaître au successeur de Jean-Marc Ayrault d’avoir bien décrit la « fracture communautariste », la montée des racismes, des violences, etc. Mais s’il avait vraiment voulu « regarder la réalité sans trembler », Valls aurait rejoint le constat, fait en 2007 par François Fillon, d’un Etat « en situation de faillite » ; d’autant que les choses se sont aggravées depuis. Or, en occultant cette évidence, il contribue lui-même à consolider ce qu’il dénonce quand il parle de « la parole publique devenue une langue morte ». Car au final, que propose le nouveau chef du gouvernement ? Rien du tout pour sortir de la crise identitaire ; des fausses pistes pour résoudre la crise économique et sociale. Le réformateur annoncé est empli de vide et de vent.La méthode Valls tient de l’habituel abus de confiance en politique : dire les choses sans en tirer les conséquences. « Nous vivons au-dessus de nos moyens depuis plusieurs années (…) Nous avons une dette publique qui nous empêche d’agir », a-t-il par exemple déclaré, ce mercredi sur Rmc/ Bfmtv. Mais Valls assure, dans son discours de politique générale, qu’il n’y aura « pas d’austérité ». De fait, les baisses d’impôts et de charges supplémentaires annoncées (pour un total d’environ 25 milliards d’euros) s’ajouteront aux 50 milliards d’économies promises sur trois ans. Quel est le plan du désendettement ? Il y aura, a-t-il expliqué, 19 milliards  d’économies à partager entre l’Etat et ses agences,10 milliards à supporter par l’assurance maladie et 10 autres par les collectivités territoriales. Les 11 milliards restants seront à trouver dans « les autres dépenses de sécurité sociale ». Or ce décompte, particulièrement flou, ne compense pas les dernières largesses accordées. Valls assure que « l’objectif » reste les 3% de déficit public (4,3 % actuellement). Mais le pouvoir, qui négocie un nouveau délai avec Bruxelles, ment. Ses réponses à la situation financière dramatique de la France sont dérisoires et il le sait. Valls aurait pu être le porteur de vérité. Il reste un produit de communication. Il y a tromperie sur le profil.Je participerai, vendredi, à Choisissez votre camp, sur LCI (10h15-11h)

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex