Le démographe Emmanuel Todd, qui a donné au Monde de ce week-end un entretien  alignant tous les dénis à propos de la crise identitaire qui fissure et fragilise la France, voit-il au moins ce qui se passe en Iran? Lui qui vole systématiquement au secours de l’islam sans jamais évoquer les dérives d’une idéologie totalitaire devrait écouter ce que disent de plus en plus clairement les Iraniens qui affrontent le pouvoir des mollahs et qui savent de quoi ils parlent: ils ne veulent plus de cette théocratie islamo-fasciste (bloc-notes du 19 juin). Dimanche, une quinzaine de manifestants ont une fois de plus été tués par balles à Téhéran, alors qu’ils demandaient à nouveau la destitution du tyran Mahmoud Ahmadinejad. Mais ce que ne veulent entendre Todd ni ceux qui, comme lui, ne voient dans l’islamisme qu’une réponse légitime de nouveaux damnés de la terre en lutte contre l’arrogance occidentale, c’est que ces très nombreux musulmans qui aspirent à la liberté et à la démocratie ont l’Occident comme modèle et singulièrement les Etats-Unis. La haine que porte la dictature iranienne à Israël n’est en rien partagée par ces hommes et ces femmes qui font preuve, depuis cet été, d’un courage extraordinaire. Les opposants iraniens, et symboliquement la jeune Neda tuée dès le mois de juin, sont pour moi les héros de 2009.
Mais ni Todd ni ses amis ne viendront en aide à ces résistants-là. Au contraire, le médiatique démographe, qui reproche notamment à Nicolas Sarkozy ses brutalités  contre les « gamins des banlieues » et son hostilité à l’entrée de la Turquie en Europe (au fait, a-t-il entendu aussi, ces jours-ci, le patriarche orthodoxe Bartholomée 1 er estimer que les orthodoxes de Turquie s’y sentent « crucifiés »?), s’interroge : « Je me demande même si la stratégie de confrontation (ndlr : de Sarkozy) avec les pays musulmans – comme en Afghanistan ou sur l’Iran – n’est pas pour lui un élément du jeu intérieur ». Oui, pour celui qui ne craint pas d’accuser le gouvernement de dérives fascistes, soutenir les démocrates afghans et iraniens en luttant contre le terrorisme islamique est une autre manière de stigmatiser l’islam, les musulmans et d’attiser « la haine de l’autre ». Ainsi raisonne, cul par-dessus tête, une bonne partie de la gauche et la totalité de l’extrême gauche. Il y a un an, cette dernière avait rejoint les islamistes de France dans leurs manifestations en soutien aux palestiniens. « Nous sommes le peuple de France et de Paris, peuple de la résistance, nous sommes tous des Palestiniens ! », pouvait-on entendre (bloc-notes du 16 janvier 2009).
Je rêve, pour 2010 à Paris, d’une grande manifestation qui scanderait : « Nous sommes le peuple de France et de Paris, peuple de la résistance, nous sommes tous des Iraniens ! ». Mais je sais déjà qui n’y participerait pas…

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