Les socialistes savent-ils où ils vont ? Visiblement non, puisqu’eux-mêmes admettent aujourd’hui que l’antisarkozysme, qui leur tenait lieu de programme principal, a fait long feu. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a déclaré ce lundi : « Parce que nous sommes aux responsabilités, nous avons décidé collectivement de nous retrousser les manches, de regarder vers l’avenir et de ne plus nous retourner en permanence dans le rétroviseur ». Cette déclaration fait suite à l’aveu de François Hollande, vendredi, à Châlons-en-Champagne : « Mon devoir c’est de dire la vérité aux Français ». Et d’évoquer : « Une crise d’une gravité exceptionnelle, une crise longue qui dure depuis plus de quatre ans (…) Aucune puissance n’est épargnée ». Voici donc le nouveau pouvoir qui découvre la lune, après plus de cent jours d’une politique consacrée à déconstruire ce qui avait été légué par le prédécesseur. On ne peut que se féliciter de cette conversion apparente à une lucidité élémentaire. Mais l’incompréhensible retard pris par la gauche dans son analyse de l’état réel du pays annonce de sa part des improvisations et des tête-à-queue dont la France, sur les genoux, aurait pu espérer faire l’économie.L’entêtement que met le PS à refuser d’admettre les réalités est tellement ancré dans son comportement qu’il faut s’attendre, dans ses rangs, à des résistances avant d’admettre les vérités promises par le chef de l’Etat, si tant est qu’il s’y tienne. Hier, dans le JDD, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, rappelait : « Ce qui m’a empêché de mettre en œuvre mon programme, c’est la réalité », ajoutant à l’adresse de Hollande : « Le pire qui puisse arriver à un gouvernement, c’est de ne pas comprendre la réalité dans laquelle il vit ». Il va être intéressant d’observer les pressions des réalistes, et les réponses des gardiens de l’orthodoxie. Après Arnaud Montebourg parlant, avec raison, du nucléaire comme d’une « filière d’avenir », François Chérèque (CFDT) vient de reconnaître que le « coût du travail est un facteur de perte de compétitivité », ce qui est aussi une évidence. Il reste, pour la gauche, d’énormes pas à franchir pour comprendre notamment les causes du chômage et de l’insécurité, qui tiennent à une économie asphyxiée par l’étatisme et à une société déstabilisée par l’immigration et le séparatisme culturel. Les socialistes, cadenassés par leur conformisme, sauront-ils s’en libérer ? Il faudra, en tout cas, encourager ceux qui s’y essaieront

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