Le journalisme se déconsidère, quand il se convertit sans retenue aux méthodes des pirates de l’internet, qu’il dénonçait jusqu’alors.Ces dérives peuvent consister à lancer impunément sur le réseau, au mieux des images ou des conversations volées, au pire des accusations ad hominem dénuées de preuves. Or ces procédés sont ceux qu’utilise le site Médiapart, dirigé par Edwy Plenel, avec l’approbation tacite d’une large partie de la profession qui croit y voir un travail « de terrain ». Lundi, je déplorais ici l’imposture consistant à faire passer pour du « journalisme d’investigation » la diffusion de conversations frauduleusement enregistrées par le majordome de Liliane Bettencourt et dont une des cassettes a été aimablement transmises au site d’information. Mardi, un stade supplémentaire dans la dénonciation calomnieuse a été franchi avec la publication des accusations, non étayées, de l’ex-comptable licenciée par Mme Bettencourt, assurant notamment qu’Eric Woerth aurait reçu en 2007, pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy, une enveloppe contenant 150.000 euros en liquide. A lire le témoignage de cette femme, on comprend qu’elle n’a, en réalité, pas assisté à la scène et qu’elle ne peut prouver ses dires. Une contre-enquête journalistique aurait donc dû s’imposer.
Quand Nadine Morano fustige « un site de ragots, de déclarations anonymes », cela fait rugir la corporation, mais elle n’a pas tort. Et Xavier Bertrand est bien en droit de dénoncer, l’outrance appelant l’outrance, des « méthodes fascistes ». Alors que Plenel et ses amis se présentent volontiers en défenseurs de la morale et de la démocratie, ils piétinent ces valeurs en pratiquant pêle-mêle le tir à vue, le procès à sens unique, la justice expéditive, le lynchage médiatique, la désinformation, dans l’unique objectif d’abattre des adversaires présumés coupables. Pourquoi Plenel, qui sut dénoncer (je le fis également) l’acharnement contre son ami Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream, se prête-t-il à son tour à la chasse à l’homme, sans relever au passage le mélange des genres qui permet à l’ancien premier ministre d’utiliser son carnet d’adresses pour faire fructifier désormais son cabinet d’avocat ? La raison tient à la haine hystérique contre Nicolas Sarkozy qui aveugle les médias de la gauche désunie. Début 2009, ils avaient tenu réunion pour s’assurer de leur front commun sur le dos du chef de l’Etat (voir mon blog). On en mesure les résultats désastreux. Le journalisme, ramené au rang de dénonciateur, n’en sort pas grandi.
Je participerai, ce mercredi, à l’émission C dans l’air (17h45-19h) puis à un débat sur ITélé (19h10-19h30)
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