François Hollande n’a pas bien entendu ce que les citoyens lui ont dit à l’occasion des municipales. Sinon, il n’aurait pas gardé Christiane Taubira, qui garde son poste de garde des Sceaux dans le remaniement dévoilé ce mercredi. La rupture, que Manuel Valls est présumé incarner au poste de premier ministre, ne se retrouve pas dans ce nouveau gouvernement aux airs de déjà vu. Si le chef de l’Etat a apporté, avec Valls succédant lundi à Jean-Marc Ayrault, une réponse cohérente au rejet du socialisme, il n’a pas analysé les effets, calamiteux pour son camp, portés par les réformes sociétales. En effet, l’échec de la gauche n’est pas seulement économique et social, avec un chômage et des déficits non maîtrisés. Il est aussi idéologique, avec une accentuation de la marginalisation de la classe moyenne et de la « France périphérique », ainsi décrite par le géographe Christophe Guilluy. Dans Le Figaro de ce jour, il remarque : « Quelles que soient leurs origines, les classes populaires sont très réservées sur les réformes sociétales ». Quand une partie de la gauche analyse sa raclée comme une déclaration d’amour, elle refuse d’admettre qu’une partie de l’électorat socialiste a bel et bien entamé une procédure de divorce à cause des réformes Taubira, et singulièrement du vote du mariage pour les homosexuels. Les cités musulmanes, qui avaient très majoritairement voté Hollande en 2012, se sont abstenues. En Bretagne catholique, 27 villes de gauche sont passées à droite.Dimanche soir, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, annonçait ses trois priorités pour les socialistes : « L’emploi, l’emploi, l’emploi ». Mais la hausse du chômage (et plus encore des impôts) ne résument pas la colère des Français. Comme je ne cesse de l’écrire, la vraie crise est identitaire. Elle s’impose à mesure que la gauche la dénie. Libération de ce mercredi confirme, sans en tirer les conséquences, la gravité de la situation en se faisant l’écho d’un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme consacré à « la lutte contre le racisme ». On y lit que 74% des personnes interrogées pensent qu’il y a « trop d’immigrés en France », soit une progression de 15 points par rapport à 2011 ; 77% estiment que les immigrés viennent uniquement pour profiter de la protection sociale ; 63% considèrent que l’intégration fonctionne mal, dont 21% très mal. « En outre, relève le rapport, la responsabilité du mauvais fonctionnement de l’intégration est nettement plus imputée aux étrangers qu’à la société ». L’étude poursuit : « Les arabo-musulmans focalisent l’essentiel des crispations, à l’exclusion de quasiment toutes les autres « minorités », excepté les « Roms » (…) ». Plutôt que de traiter une partie des Français de racistes, comme le fait Mme Taubira, ne serait-il pas temps de s’inquiéter des causes de ces crispations ? Il est vrai qu’en protégeant l’icône, Hollande redonne du nerf au FN. Le président sait qu’il ne pourra être réélu qu’en maintenant la droite divisée.
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