Pour avoir parlé du « réveil identitaire » breton, dans mon post de lundi, voilà Le Monde daté de ce mercredi qui instruit un procès en extrémisme, en appliquant la célèbre reductio ad hitlerum, qui consiste à instiller des références fascistes ou nazies afin de disqualifier un propos. Le procédé stalinien n’est pas nouveau, mais il est ici particulièrement outrancier. Dans un article titré : « L’extrême droite identitaire veut peser sur le mouvement », le journaliste Abel Mestre centre son argumentation autour de la présence, auprès des « bonnets rouges », d’un mouvement d’extrême droite intitulé Jeune Bretagne. Jeune Bretagne serait proche de l’Adsav (Parti du peuple breton), dont Le Monde nous apprend qu’en 2000 il avait assumé « l’engagement collaborationniste du Parti national breton pendant l’Occupation ». Tenant là la preuve d’une idéologie d’inspiration nazie, avec des éléments aimablement fournis par le ministère de l’Intérieur, le fin limier poursuit dès lors son amalgame en observant que votre serviteur serait lui-même « une référence au sein de la mouvance identitaire », au prétexte que mon texte de lundi aurait été repris sur les réseaux sociaux « par des internautes d’extrême droite, un peu à la manière d’un manifeste ». A bout du compte, me voilà donc promu gourou d’une mouvance violente et fort peu recommandable…Ce que ne dit pas clairement l’aimable confrère, qui ferait un procureur zélé dans un procès politique, c’est que Jeune Bretagne ne compte guère plus de « 30 personnes », comme l’assurait dès lundi la police au Figaro. L’Adsav serait surtout fort d’une page Facebook qui compterait 4 000 sympathisants. La belle affaire ! Le sycophante ne dit rien en revanche du poids politique pris notamment par le maire de Carhaix, Christian Troadec, apparenté Divers gauche. Serait-il lui aussi un facho qui se dissimule, ainsi que tous ceux qui manifesteront samedi à Quimper, avec leurs bonnets comme symboles des luttes populaires passées ? La Bretagne est en insurrection car elle n’en peut plus d’être un territoire oublié. En cherchant grossièrement à diaboliser un mouvement de protestation éminemment respectable, Le Monde montre combien la bien pensance ne comprend rien à la crise existentielle qui secoue le pays. Défendre ses racines et son histoire n’est pas un délit d’opinion. Même le lisse Alain Juppé a admis, dimanche, que la crise n’était pas seulement économique et sociale mais également identitaire : une évidence que nous répétons ici depuis des années. Non, je ne supporte plus les désinformations, les caricatures et les procès bâclés autour de ce sujet capital.
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