Les peuples se rebiffent, et ce n’est qu’un début. Aux Etats-Unis comme en Europe, ils font déjà trembler le monde mercantile construit sur la mondialisation des échanges et la dilution des identités. Donald Trump est porté autant par son discours anti-immigration que par ses attaques contre l’ultra-libéralisme, cautionné par Wall-Street et le camp démocrate. Angela Merkel a trébuché une nouvelle fois, dimanche, lors des élections régionales à Berlin. La chancelière n’a pas fini de payer sa décision de faire venir, notamment sous la pression du patronat allemand, un million de « réfugiés » à l’intégration aléatoire. Face à la montée constante du parti patriote de l’afD, Merkel a admis, samedi, que son slogan « Nous y arriverons » (« Wir schaffen das ») n’était pas heureux. « Par moment, je pense que cette phrase a été un peu exagérée, à tel point que je préfère ne plus la répéter. Elle est devenue un simple slogan, presque une formule vide den sens ». Dimanche, à Fréjus, c’est en « candidate du peuple » que Marine Le Pen s’est également présentée, dans un discours inspiré d’où le Front national n’avait plus sa place exclusive. Face à cette montée générale du « populisme », qui n’est que la légitime volonté des oubliés de rependre leur destin en main, les procès en racisme et en pétainisme ont atteint leur limite. Ce qui s’observe est une classe dominante de plus en plus intolérante face à une expression démocratique contestataire. C’est cette dernière qui est en train d’écrire l’histoire.
Il est vain de croire ces classes populaires récupérables, sinon à la marge, par le système à bout de souffle. Il ne s’est jamais préoccupé jusqu’alors de les représenter. Il a même tout fait pour les reléguer au rang d’indéfendables, voire d’extrémistes. « Les classes populaires ont brisé leurs chaînes, celles des appartenances politiques traditionnelles, et refusent désormais le magistère de la classe politique et culturelle », estime le géographe Christophe Guilluy (1). Il distingue même « l’ébauche d’une contre-société en tout point contradictoire avec le modèle économique et sociétal des classes dominantes ». Cette analyse rejoint les constatations empiriques cent fois faites ici d’une faillite de la démocratie représentative, incapable de s’ouvrir à une partie de plus en plus importante de la société civile, laissée dans l’ombre. Une fracture culturelle s’est durablement installée entre les « élites » et le peuple abandonné. Il est devenu poussif de tenter de criminaliser ses critiques contre le modèle dominant, acquis à une mondialisation protégée par l’antiracisme officiel. Les insurrections populaires qui partout se mettent en place rappellent que les nations et les souverainetés sont vulnérables et qu’elles doivent être défendues. Trump et Marine Le Pen l’ont compris. Ceux qui fustigent encore le populisme, c’est-à-dire le peuple prié de se taire, passent à côté d’une démocratie en pleine effervescence.
(1) Le crépuscule de la France d’en haut, Flammarion
Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
Dernière heure : je participerai, ce mardi, à un débat sur (23h-23h15)

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