Emmanuel Macron veut garder les mains propres. Après avoir fait de l’ »égalité femmes-hommes » la « grande cause » de son quinquennat, il s’est présenté, mardi à Paris, en sauveur de la planète asséchée. Son One Planet Summit, grand et coûteux show consacré à la lutte contre le réchauffement climatique, lui a permis de s’affirmer dans un leadership construit sur de bonnes intentions, des engagement solennels, des promesses à venir. Ses deux grands desseins, qui en appellent aux mots et aux slogans, sont dénués de risques personnels : qui irait contester l’égalité entre les sexes ou la protection de la nature ? Dans ces combats d’opérette, l’acteur Macron est tout à son aise. Ces diversions permettent de faire oublier, un temps, l’immédiate insécurité nucléaire causée par la Corée du Nord, ou la guerre de civilisations lancée par l’islam colonisateur, y compris dans les cités françaises. Or la détermination présidentielle, ainsi mise en scène par le chef de l’Etat lui-même, fait douter de son courage. La mascarade est au macronisme ce que la sardine est à l’huile : un plat qui s’avale distraitement. Le chef de l’Etat, qui reçoit ce mercredi l’ultime rapport qu’il avait commandé sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), osera-t-il affronter la poignée de zadistes qui bloquent le projet ? Une affirmation de l’autorité de l’Etat serait une bonne surprise, qui viendrait contredire la pente du président pour la facilité des apparences.
S’il fallait illustrer la faiblesse de l’Etat et du droit, Notre-Dame-des-Landes serait l’exemple le plus navrant. Lorsque j’ai débuté dans le journaliste, au quotidien Presse-Océan à Nantes en 1976, ce projet était déjà en discussions. Il consiste à déménager l’actuel aéroport, trop étriqué et trop près de la ville (7,5 km, au sud), pour l’installer au nord, à 20 km et sur 239 ha. Des centaines d’auditions et de rapports ont eu lieu depuis. Toutes les expropriations ont été effectuées. Tous les recours en justice ont été épuisés. Un référendum local, organisé en 2016, a été approuvé à 55%. Seuls quelques centaines de militants d’extrême-gauche, ultra-violents pour beaucoup d’entre eux, s’opposent à cet aménagement. Ils ont investi les lieux et les fermes abandonnées. Ils se disent prêts à défendre ce qu’ils considèrent être leurs biens, y compris par les armes. Cela fait des lustres que la République est ainsi humiliée. En attendant, les avions qui atterrissent doivent survoler la ville à basse altitude. Ils passent à 300 mètres au-dessus de la Tour Bretagne, construite au centre de Nantes. Les pollutions, notamment sonores, sont incontestables. Macron hérite de ce dossier pourri. Il va devoir y plonger ses blanches mains. Ira-t-il se les salir, en rappelant la force de la loi, du droit, de la démocratie, de la république ? Le matamore n’a pas l’air très pressé.
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