Où sont les consciences? Elles restent muettes devant les attaques intégristes que subit la démocratie. Après avoir laissé à son sort Robert Redeker , cible d’une fatwa depuis plus de trois ans, après s’être empressés d’oublier la récente agression en plein Paris de l’actrice franco-algérienne Rayhana , les pétitionnaires (mardi encore, le people signait dans Libération sa solidarité avec les travailleurs sans papiers) n’ont rien à dire non plus à propos du courageux imam de la mosquée de Drancy, contesté par des islamistes. Ce mercredi, c’est à peine si la presse de gauche relate les menaces contre Hassen Chalghoumi, coupable de s’être prononcé pour une loi interdisant la burqa et d’avoir ouvert, notamment en mémoire du camp de Drancy, un dialogue soutenu avec la communauté juive. L’imam, pris à partie dans sa mosquée, a été traité de « mécréant », d' »apostat ». Il a également été dit : « On va liquider son cas, à cet imam des Juifs ».
Incident banal? Ce matin encore, des médias audiovisuels alignaient les conditionnels sur les faits et les doutes sur les propos tenus (devant témoins) tandis qu’étaient interrogés des fidèles se désolidarisant de Chalghoumi, qui avait accueilli dans sa mosquée Richard Prasquier, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Fouad Alaoui, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a démenti toute implication dans l’agression, qu’il a condamnée. Il a cependant ajouté que ce qui s’est passé « n’est pas très étonnant »; « Nous l’avons mis en garde à plusieurs reprises pour qu’il équilibre ses paroles parce qu’il risquait d’attirer les réactions des extrémistes ». Propos qui n’ont pas davantage scandalisé les belles âmes, semblablement soucieuses de ne pas « stigmatiser les musulmans ».
Les chrétiens se sentent-ils stigmatisés quand sont dénoncés des intégristes négationnistes de la Shoa ou des dérives sectaires issues de leur religion? Evidemment non. Cet argument, repris en boucle, ne tient pas davantage pour les musulmans, à moins de les croire incapables de faire une distinction entre leur religion et l’idéologie islamiste, ce terreau sexiste et totalitaire qui teste les résistances des démocraties. En réalité, c’est bien l’esprit munichois de l’apaisement, ce préalable à la capitulation, qui se banalise au sein de la gauche (à quelques heureuses exceptions près), de plus en plus mal à l’aise dans la défense de la laïcité. Les consciences ne manifesteront pas plus pour l’imam républicain qu’elles ne l’ont fait (sinon une poignée) pour Rayhana. Il revient à la droite, au nom des démocrates, de sauver l’honneur.
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