Jean-Pierre Raffarin? Il illustre la surdité de la classe politique. Non content de vouloir faire taire le FN en lui opposant une coalition droite-gauche – idée reprise ce mercredi par Pierre Moscovici dans Les Echos – le sénateur a récidivé, ce matin sur Europe 1, en martelant : « La racine du mal c’est le chômage ». Pour lui, la montée des idées de Marine Le Pen se combattra par des créations d’emplois et par de « l’ingéniérie politique ». Raffarin reconnaît, certes, que les Français sont « désespérés par la politique ». Mais il ne lui vient pas à l’esprit qu’il est lui-même, dans son raidissement idéologique, à la source de l’insurrection civique. Il croit pouvoir la maîtriser alors qu’il l’attise. Car enfin : si le chômage était vraiment au centre de toutes les préoccupations, les électeurs n’auraient pas laissé tomber à ce point le Front de gauche, qui fait de l’emploi son obsession. Et ce seul critère n’explique pas non plus la percée des partis « populistes » en Europe, y compris là où le chômage est faible. Il n’est pas question de négliger pour autant cette donnée, qui est sans doute un facteur aggravant. Mais il faut être particulièrement distrait, ou de mauvaise foi, pour ne pas voir que la crise identitaire est le ressort premier du vote FN. La racine du mal n’est pas le chômage, mais le déni des réalités. La sortie de Raffarin vient rappeler que ce travers intellectuel, qui limite la politique à ses seuls aspects économiques et sociaux, n’est pas réservé à la gauche post-marxiste. L’attrait vers la gauche qui s’observe ces jours-ci chez certains leaders de l’opposition – Christian Estrosi effectue un virage en ce sens pour remercier ses soutiens socialistes qui lui ont assuré sa victoire – est à désespérer de cette droite, incapable de répondre à son électorat. Tournant le dos à la droitisation de la société, ces responsables-là font tout pour mériter le label : « Plus bête du monde ». La persistance du discours officiel à vouloir faire du FN l’ennemi intérieur et la menace fasciste conduit de surcroît à ignorer la montée en puissance du totalitarisme islamiste dans les cités. C’est ce fléau qui devrait mobiliser l’ensemble des partis attachés à la défense de la démocratie. Il n’en est rien. De la même manière que les leçons du 6 décembre (premier tour des régionales) ont déjà été oubliées, les alertes du 13 novembre (attentats à Paris) ont relégué la menace salafiste à un rang subalterne. Ce mercredi, Le Figaro révèle que les tribunaux sont submergés par une nouvelle délinquance liée au terrorisme islamiste. « Les parquets ne perçoivent que l’écume de la réalité. La lame de fond est bien plus importante », prévient un haut magistrat. Le risque que font courir les « élites » somnambules est plus grave que celui que fait courir le chômage. S’il n’entend pas descendre de son balcon, Raffarin pourrait au moins lire les journaux. Je participerai, ce mercredi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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