Inutile de revenir sur la crise de la démocratie, déjà abordée ici la semaine dernière. Comme il fallait le craindre, elle s‘est aggravée à l’issue du second tour des législatives, boudé par 57% d’abstentionnistes. Les macronistes se rassurent en estimant que beaucoup de ceux qui ne sont pas allés voter ont donné, passivement, un blanc-seing au chef de l’Etat. Ces dévots ont raison de dire que la dangerosité de Macron n’a pas été jugée telle pour susciter un barrage contre lui. En fait, Macron pourrait être le nom d’un sirop incolore, inodore et sans saveur, mais avec des effets lénifiants. Même le vieux leader de 68, Daniel Cohn-Bendit, a avoué dimanche soir sur France 2 : « Je suis l’incarnation du « En même temps » (NDLA : expression fétiche du président) ». Macron, c’est non seulement un tranquillisant, mais la source d’eau tiède d’un consensus mou dans lequel l’ex-soixante-huitard vient calmer ses rhumatismes et ses nostalgies. Faire une cure de Macron revient à dire tout et son contraire : cela repose mais reste incompréhensible. En réalité, la bulle macroniste des origines n’est jamais très loin. Cette fois, elle fait enfler une majorité absolue de députés La République en marche (359 sièges avec le Modem) qui ne repose que sur un socle électoral restreint. Ne pas se fier à l’effet d’optique : la France reste fracturée comme jamais. Et bien des nerfs sont à vif chez ceux qui refusent d’avaler l’élixir euphorisant du Docteur Macron, aux effets secondaires addictifs.
En fait, une crise de l’intelligence politique se dissimule derrière la crise de la démocratie. Si une majorité d’électeurs ne votent plus, en dépit de la pléthore de candidats à ces législatives, c’est que ceux-ci n’ont rien à dire d’intéressant. J’ai entendu distraitement François Baroin (LR), hier soir, réciter d’un ton morne et las un vague programme dont la fiscalité semblait être le seul point de discorde avec la majorité. Alors que la crise identitaire est largement plus préoccupante que le PIB, le sirop du Docteur Macron a réussi à faire croire, y compris à la droite somnolente et au FN, que l’économique était au coeur de tout. Manuel Valls, seul socialiste à avoir mis les problèmes identitaires (communautarisme, islam radical, etc.) au centre de ses préoccupations, est à cause de cela la cible de violences verbales de la part de l’islamo-gauchisme. Hier soir, sa courte victoire dans l’Essonne (139 voix) a été contestée par Farida Amrani, candidate de la France insoumise. Julien Dray (PS) a dénoncé hier « une violente campagne communautariste aux relents antisémites menée contre Valls ». Alors qu’une nouvelle vague d’immigration se presse aux portes de l’Europe et que l’islam politique ne cesse d’attiser la guerre civile (ce lundi matin, la mosquée londonienne de Finsbury Park a été la cible d’un attentat contre des musulmans), la classe politique française discute du sexe des anges, comme à Byzance la veille de sa chute. Macron a-t-il quelque chose à dire sur ces sujets ?
Je participerai, ce lundi, à On refait le monde sur RTL (19h15-20h)
Je participerai, mercredi matin, à L’heure des pros, sur CNEWS (9h-10h)
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